La nouvelle épreuve d’entretien avec le jury mise en place en 2022 porte sur la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur ou de conseiller principal d’éducation au sein du service public de l’éducation et, le cas échéant, des établissements privés sous contrat qui participent à cette mission de service public dans le respect de leur caractère propre. Voici la présentation de cette épreuve par Jean-Louis AUDUC, co-auteur de la Charte de la laïcité.
« Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. »
Article L111-1 du code de l’éducation
Première partie de l’entretien
L’entretien comporte une première partie d’une durée de quinze minutes débutant par une présentation, d’une durée de cinq minutes maximum, par le candidat des éléments de son parcours et des expériences qui l’ont conduit à se présenter au concours en valorisant notamment ses travaux de recherche, les enseignements suivis, les stages, l’engagement associatif ou les périodes de formation à l’étranger.
Cette présentation donne lieu à un échange de dix minutes minimum avec le jury, dans la limite du temps imparti à cette première partie de l’épreuve. Le candidat admissible transmet préalablement une fiche individuelle de renseignement.
Deuxième partie de l’entretien
La deuxième partie de l’épreuve, d’une durée de vingt minutes, doit permettre au jury, au travers de deux mises en situation professionnelle, l’une d’enseignement, la seconde en lien avec la vie scolaire, d’apprécier l’aptitude du candidat à :
- s’approprier les valeurs de la République, dont la laïcité, et les exigences du service public (droits et obligations du fonctionnaire dont la neutralité, lutte contre les discriminations et stéréotypes, promotion de l’égalité, notamment entre les filles et les garçons, etc.) ;
- faire connaître et faire partager ces valeurs et exigences.
Ces « mises en situation » font appel à l’expérience (directe ou indirecte), mais aussi à la capacité de jugement du candidat à propos d’une situation professionnelle que l’on estime délicate et suffisamment complexe. Le candidat est invité à mobiliser sa réflexion et ses connaissances afin de formuler une proposition d’action de nature à répondre au problème qu’il a identifié.
Comme l’épreuve ne comporte pas de temps de préparation, le jury commence l’entretien par une phrase précisant le contexte, telle que : « Vous êtes professeur de (ou CPE) dans tel établissement ou école, etc. »
Pour chaque situation, l’entretien dure 10 minutes et est structuré autour de deux questions principales posées par le jury :
- Quels sont les valeurs et principes de la République et, le cas échéant, les principes juridiques régissant l’organisation et le fonctionnement des établissements publics locaux d’enseignement et des écoles, ou, s’il y a lieu, des établissements privés sous contrat, qui sont en jeu dans cette situation ?
- Comment analysez-vous cette situation et quelles pistes de solutions envisagez-vous ?
Ces situations, proposées par le jury, forcément simplifiées et épurées pour tenir compte des conditions de l’épreuve, s’inspirent le plus possible de situations réelles et leur thème est en lien direct avec :
- les droits et obligations des fonctionnaires, dont la neutralité ;
- les exigences du service public de l’éducation, notamment la nécessité de « faire acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité et de favoriser la coopération entre les élèves » ;
- les valeurs de la République : la liberté, l’égalité, la fraternité, l’indivisibilité, la laïcité, la démocratie, la justice sociale, le respect de toutes les croyances…
Ces situations peuvent aussi permettre au candidat de montrer qu’il connaît les différentes fonctions et ressources présentes dans un établissement scolaire et qu’il peut les mobiliser pour l’aider.
Situations relatives à la vie scolaire :
- Relations des enseignants/CPE avec les parents d’élèves au sein de l’école ou de l’établissement, ou à l’extérieur de l’établissement, notamment dans le cadre de sorties scolaires.
- Rapports des enseignants/CPE avec d’autres personnels (ATSEM, AESH…), ou avec des intervenants extérieurs non membres de la communauté scolaire.
- Gestion du centre de documentation et d’information (présence d’ouvrages, demandes en lien avec les valeurs de la République, etc.).
- Demandes d’élèves en rapport avec la laïcité : demandes d’autorisations d’absence, de dispenses, port de signes, demandes liées à la restauration, gestion de l’application du principe de laïcité dans un internat, ou durant un voyage scolaire, etc.
- Gestion des rapports des élèves hors de la classe par l’enseignant ou le CPE : rapports filles/garçons, injures, racisme, antisémitisme, homophobie, harcèlement, dans l’établissement (couloirs, cour de récréation…) ou hors de l’établissement (réseaux sociaux et cyber-harcèlement notamment).
Après les réponses du candidat présentant son analyse de la situation et ses pistes d’action, les éventuelles questions complémentaires du jury s’inscrivant dans le temps imparti à cette seconde partie de l’épreuve pourront chercher à évaluer ses connaissances de la déontologie des fonctionnaires, à apprécier son éthique professionnelle et à tester son sens des responsabilités.
On attend du candidat qu’il s’installe dans cet horizon réflexif et pratique, et qu’il soit en mesure tout à la fois :
- d’appréhender avec le réalisme qui convient les situations qui lui sont proposées, de caractériser les difficultés qu’elles contiennent, s’agissant des valeurs ou des éléments institutionnels ou réglementaires mis en jeu ;
- de porter sur ces situations une appréciation instruite, réfléchie et argumentée, débouchant sur des préconisations précises : que convient-il de faire (ou de ne pas faire) au regard des principes, des valeurs et des règles qui sont celles de la République et du service public en matière d’éducation ?
Les préconisations attendues du candidat peuvent mettre en jeu, selon la question posée :
- La gestion de cette situation dans la classe, à court et moyen terme (ce que je fais sur le moment, ce que je peux proposer par la suite : par exemple, une situation peut devenir une opportunité pédagogique).
- La gestion de cette situation dans l’établissement, voire sur le plan académique (Sur qui puis-je m’appuyer ? Qui doit être prévenu ?).
Pour construire sa réponse, le candidat fait appel à l’ensemble des expériences et des connaissances dont il dispose et qu’il mobilise avec pertinence, expériences et connaissances proprement disciplinaires ou participant d’une déontologie professionnelle.
Préparez cette épreuve avec des exemples de mise en situation professionnelle !