On attend des enseignants qu’ils maîtrisent et sachent appliquer la notion de laïcité, et ce dès l’épreuve d’entretien commune aux concours du CRPE, du CAPES, du CAPET, du CAPLP et du CAPEPS. Jean-Louis Auduc, co-auteur de la Charte de la Laïcité, vous propose des repères pour y voir plus clair.

Les « cinq P »

L’approche laïque des faits religieux repose sur cinq principes, les « cinq P », pour éviter le sixième P de « Peur ».

  • Les Programmes scolaires en vigueur : partir de toutes les parties des programmes évoquant les faits religieux pour bien développer les connaissances des élèves sur ces questions en les contextualisant.
  • Le Patrimoine : découvrir les monuments, les œuvres artistiques, musicales, picturales, les textes historiques qui font l’héritage d’une nation.
  • La Pluralité : comprendre que les interprétations et les courants religieux sont pluriels, y compris à l’intérieur d’une même religion. Les religions sont diverses aujourd’hui, mais ce qu’il est important de faire comprendre à des élèves, c’est que chacune des grandes religions monothéistes comprend une diversité d’approches qui se sont peu à peu construites, ont pu disparaître, se reconstituer, mais montrer que par rapport à un texte, une tradition, il y a toujours eu diversité d’interprétations. Il n’y a donc pas le christianisme, le catholicisme, le protestantisme, l’orthodoxie, le judaïsme, l’islam, le bouddhisme, mais par exemple, les christianismes, les catholicismes, les protestantismes, les orthodoxes, les judaïsmes, les islams, les bouddhismes… Donner à penser à des élèves qu’il n’y a qu’une seule interprétation d’un texte, d’une tradition, c’est d’une certaine manière favoriser une lecture « intégriste » des textes et ne pas leur montrer que chaque interprétation peut relever du libre arbitre de chacun.
  • La Personne de l’élève : avoir conscience qu’elle doit toujours être respectée.
  • Un Projet Pluridisciplinaire : privilégier un travail interdisciplinaire qui facilite l’approche dans l’enseignement des faits religieux.

La laïcité en quelques mots

Trois principes

  • Liberté de conscience
  • Égalité de traitement de toutes les croyances et incroyances
  • Primauté de l’État : les lois votées s’imposent à tous, Pas de droit de veto des religions.

Trois libertés

  • Liberté de la personne
  • Liberté des religions ou des non-croyances
  • Liberté de l’État pour agir sans pressions religieuses

Trois espaces

  • Espace intime, particulier, le « jardin secret » de chacun
  • Espace public partagé, le particulier collectif où je peux individuellement ou collectivement exprimer mes opinions politiques ou religieuses
  • Espace d’intérêt général, de service public où l’Etat peut mettre des limites à la propagande et au prosélytisme politique et religieux

Un acrostiche

  • L iberté
  • A utonomie de la personne,  respect de l’intime
  • I ndépendance de l’Etat, de l’école
  • C ommun, collectif
  • I mpartialité des fonctionnaires
  • T olérance, respect
  • É galité de toutes les personnes

Deux textes

« La quête d’identité, ce n’est ni tourner le dos au monde, ni faire sécession au monde, ni bouder l’avenir, ni s’enliser dans le repliement communautaire ou dans le ressentiment. Elle n’a de sens que s’il s’agit d’un réenracinement certes, mais aussi d’un épanouissement, d’un dépassement et de la conquête d’une nouvelle et plus large fraternité. »

Aimé Césaire, Discours à Miami, 1987

Séparation du Culturel et du Cultuel

 « La loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 a profondément transformé le service des monuments historiques. De 1906 à 1914, il a intégré le service des édifices diocésains… Il a  consacré une attitude nouvelle à l’égard des édifices du culte les plus éminents. Désormais placés sous la surveillance et l’entretien des Beaux Arts, ils rejoignent le lot commun du patrimoine culturel à défendre pour son intérêt artistique et historique et à restaurer en fonction de critères strictement « archéologiques ». De patrimoine des seuls croyants, ils deviennent l’héritage de l’ensemble de la population dont ils constituent une part de l’histoire et de la culture. »

Quand les monuments construisaient la nation, Ministère de la Culture, 2005

Bibliographie et sitographie

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