Ces dernières années, le salaire des enseignants a connu différentes revalorisations. Le Gouvernement a en effet mesuré la nécessité de mieux rémunérer les professeurs pour améliorer l’attractivité de leur métier.

Combien sont-ils payés aujourd’hui ? Le point pour comprendre le calcul de votre future rémunération, exemples à l’appui.

GRADE, ÉCHELON, INDICE : COMMENT EST CALCULÉ LE SALAIRE DES ENSEIGNANTS ?

Le salaire des enseignants est versé par l’État, qu’ils exercent dans l’enseignement public ou privé. Il est basé sur une grille de calcul qui indique son montant brut de base, du début à la fin de la carrière, à laquelle s’ajoutent différents compléments et indemnités.

C’est l’ancienneté le premier facteur d’évolution du salaire, mais il est possible de gagner plus en accélérant son évolution de carrière, ou en assumant des missions supplémentaires ou des responsabilités particulières.

Le calcul du salaire de base (appelé « traitement » dans la Fonction publique) relève d’un mécanisme très précis. Pour le comprendre, il est nécessaire de maîtriser ses différents éléments :

  • L’enseignant appartient à un corps (professeur certifié, professeur agrégé, professeur d’EPS…) et possède un grade (1er grade = classe normale / 2e grade = hors-classe / 3e grade = classe exceptionnelle) découpé en échelons (1, 2, 3, 4…) qui évoluent au cours de la carrière.
  • À chaque échelon est affecté un indice, valeur numérique à trois chiffres qui sert de multiplicateur à la valeur monétaire du point d’indice. Celle-ci s’élève à 4,92278 € depuis sa dernière augmentation de 1,5 % en juillet 2023.

Ainsi, à la rentrée 2024, un enseignant stagiaire du public comme du privé (professeur des écoles, certifié du second degré général, technologique, professionnel ou d’EPS) au 1er échelon du 1er grade (classe normale) est à l’indice 395, multiplié par 4,92278 : son salaire est de 1 944 € brut mensuel. Après l’année de stage, il passera au 2e échelon avec un indice de 446 et un traitement de 2 196 €, etc.

Tous les professeurs d’un même corps gravissent les échelons d’une même grille indiciaire, présentée sous forme d’un tableau. Cette grille est identique pour les professeurs titulaires du CRPE, du CAPES, du CAPET, du CAPLP et du CAPEPS. Elle est différente pour les titulaires de l’agrégation qui perçoivent un traitement plus élevé.

Attention, deux indices sont affectés à chaque échelon : un indice brut et un indice majoré :

  • Seul l’indice majoré est utilisé pour le calcul de la rémunération brute mensuelle.
  • L’indice brut ne sert qu’aux gestionnaires de ressources humaines pour déterminer les avancements de grade et les équivalences en cas de détachement.

Ce mode de calcul qui s’appuie sur la grille indiciaire représente la plus grande partie du traitement brut des enseignants. S’y ajoutent des indemnités éventuelles qui varient selon leur situation personnelle et professionnelle.

Le salaire net correspond au montant réellement perçu, après déduction des charges. Il diffère de plusieurs dizaines d’euros en défaveur des maîtres de l’enseignement privé sous contrat. L’essentiel de cet écart tient à un régime social différent : les professeurs du public bénéficient d’une pension de l’État et leurs prélèvements sont plus faibles que ceux du privé qui, eux, sont au régime général.

Enfin, seuls les agents publics titulaires, donc les fonctionnaires, et les enseignants du privé bénéficiant d’un contrat définitif bénéficient de l’avantage de la grille indiciaire. Pour les contractuels et les suppléants, la grille de rémunération, établie en référence à la grille nationale, peut varier. C’est le contrat qui fixe la rémunération en tenant compte, en théorie, du niveau de diplôme et de l’indice choisi.

PRIMES ET INDEMNITÉS : QUELLE EST LA PART VARIABLE DU SALAIRE DES ENSEIGNANTS ?

Les indemnités correspondent à des missions, des compétences ou des responsabilités particulières exercées par l’agent. Encadrées par des dispositions règlementaires, elles sont attribuées aux enseignants dont la situation répond à certains critères et cessent d’être versées dès lors que les conditions ne sont plus remplies. La plupart se retrouvent dans l’enseignement public comme privé.

Les indemnités liées à la situation familiale et géographique

  • Le supplément familial de traitement (SFT) vous est versé en fonction du nombre d’enfants que vous avez à charge (au sens des prestations familiales), et à raison d’un seul par ménage. Il se compose d’une part fixe (2,29 € pour 1 enfant, 10,67 € pour 2, 15,24 € pour 3…) à laquelle s’ajoute une part proportionnelle au traitement brut (3 % pour 2 enfants, 8 % pour 3…), encadrée par un montant minimum et un montant maximum (de 77,71 à 117,29 € pour 2 enfants, de 194,03 à 299,57 € pour 3…).
  • L’indemnité de résidence(IR) dépend de la localisation de votre résidence administrative, c’est-à-dire de la commune sur laquelle est situé l’établissement qui apparaît sur votre arrêté d’affectation. La France est divisée en trois zones :
    • La zone 1 correspond à la zone urbaine parisienne et à quelques grandes agglomérations de province : l’IR y représente 3 % de la rémunération brute.
    • La zone 2 correspond à quelques zones urbaines en province : l’IR y représente 1 % de la rémunération brute.
    • La zone 3 regroupe le reste des communes : l’IR n’y est pas versée.

(liste des communes : https://blog.juliendelmas.fr/IMG/pdf/communes_-_ir.pdf)

  • L’indemnisation des frais de déplacement est due dès lors que vous exercez hors de votre résidence administrative et familiale et que vous êtes en stage ou action de formation initiale ou continue, affecté en service partagé, personnel remplaçant, etc. Ces frais sont calculés sur la base du tarif de transport public de voyageurs le moins onéreux ou sous forme d’indemnités kilométriques.

Les indemnités attribuées aux nouveaux enseignants

  • Une prime d’entrée dans les métiers d’enseignement, d’éducation et d’orientation, d’un montant de 1 500 €, est versée en deux fois lors de votre première année en tant que titulaire.
  • Une prime spéciale d’installation d’environ 2 200 € vous est accordée si, lors de votre titularisation, vous êtes affecté en région Île-de-France ou dans l’agglomération lilloise (et si vous n’êtes pas agrégé).
  • L’aide à l’installation des personnels de l’État (AIP) peut vous accorder une aide financière de 700 à 1 500 € pour le paiement du premier mois de loyer, des frais d’agence et de rédaction de bail, du dépôt de garantie et des frais de déménagement. Pour l’obtenir, vous devez être primo-arrivant dans la fonction publique d’État ou affecté dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, et remplir les conditions de ressources.

Les indemnités attribuées aux enseignants du 1er degré

Voici les montants annuels des principales indemnités qui peuvent être versées aux professeurs des écoles :

  • Indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) : 2 550 € (« part fixe » versée à tous)
  • Prime d’équipement informatique : 176 €
  • Prime d’attractivité ou prime Grenelle : à partir de 2 130 € pour l’échelon 1, elle atteint 3370 € à l’échelon 3 puis diminue progressivement jusqu’à 400 € pour les échelons 8-9
  • Directeur d’école : part fixe de 1 970 €
    • + part modulable de 1 000 à 1 800 € (selon le nombre de classes de l’école)
    • + bonification indiciaire de 650 à 2 836 €
  • Professeur spécialisé : 886 €
  • Tuteur : 1 250 € par stagiaire
  • Conseiller pédagogique : 3 850 € + bonification indiciaire de 27 points (1 595 €)
  • Réseau éducation prioritaire (REP) : 1 734 €
  • Réseau éducation prioritaire + (REP+) : 5 114 € + part modulable de 234 à 702 €
  • etc.

Les indemnités attribuées aux enseignants du 2nd degré

Voici les montants annuels des principales indemnités qui peuvent être versées aux professeurs certifiés du 2nd degré :

  • Indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) : 2 550 € (« part fixe » versée à tous)
  • Professeur principal (« part modulable » de l’ISOE) : de 951 à 1 497 € (selon le niveau de la classe suivie)
  • Prime d’équipement informatique : 176 €
  • Prime d’attractivité ou prime Grenelle : de 2 200 € pour l’échelon 2 à 400 € pour les échelons 8-9
  • Heure supplémentaire-année (HSA) : de 1 097 à 1 609 € (selon le nombre d’HSA et le grade de l’enseignant)
  • Indemnité pour mission particulière (IMP) : de 312 à 3 750 € (selon la nature de la mission : coordonnateur de discipline, de niveau d’enseignement, référent pour les ressources et usages pédagogiques numériques…)
  • Professeur spécialisé en SEGPA ou ULIS : 1765 €
  • Tuteur : 1250 € par stagiaire
  • Réseau éducation prioritaire (REP) : 1 734 €
  • Réseau éducation prioritaire + (REP+) : 5 114 € + part modulable de 234 à 702 €
  • Indemnité pour jurys d’examen : de 0,75 à 5 € par copie
  • etc.

Le Pacte enseignant

Depuis la rentrée 2023, les enseignants volontaires peuvent effectuer des missions complémentaires rémunérées dans le cadre du Pacte : soutien en mathématiques et en français ou intervention dans le dispositif « devoirs faits » en classe de 6e pour les professeurs des écoles, remplacement de courte durée ou appui à la prise en charge d’élèves à besoins éducatifs particuliers pour les professeurs du 2nd degré.

Ils perçoivent une rémunération forfaitaire de 1 250 € bruts annuels par mission prise en charge.

UN EXEMPLE : LE BULLETIN DE PAYE D’AURÉLIE, PROFESSEURE EN COLLÈGE

Voici le bulletin de paye d’Aurélie pour le mois de juin 2024. Vingt-et-un ans après avoir obtenu son CAPES de lettres modernes, elle atteint l’échelon 3 du grade de professeur certifié hors classe. En multipliant l’indice 673 (qui correspond à cet échelon) par 4,92278 € (la valeur monétaire du point d’indice), on obtient le montant de sa rémunération brute de base : 3 313,03 €. Il figure à la première ligne de la colonne « à payer ».

Dans cette colonne apparaissent aussi ses primes et indemnités, qu’elle a perçus chaque mois au cours de cette année scolaire :

  • Le supplément familial de traitement (elle a deux enfants) : 110,06 €.
  • La part fixe de l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE), qui est versée à tous les professeurs : 212,50 €.
  • La part modulable de l’ISOE (elle est professeure principale d’une classe de 6e) : 109,06 €.

Au cours de ce mois de juin, elle a aussi perçu 93,11 € pour deux heures supplémentaires effectives (notées « H. EFF. ENSEIGNEMENT ») qui se sont ajoutées ponctuellement à son service habituel.

En additionnant les éléments de la colonne « à payer », on obtient le salaire brut d’Aurélie pour ce mois de juin 2024 : 3 935,34 €.

Après prélèvement des éléments listés dans la colonne « à déduire » (retenue Pension Civile, Contribution Sociale Généralisée, impôt sur le revenu prélevé à la source, cotisation de la complémentaire santé, etc.), c’est un salaire net de 2 938,28 € qui est finalement versé à l’enseignante en cette fin d’année scolaire.

La dernière colonne (« pour information ») ne sert pas au calcul du salaire mais détaille les charges patronales payées par l’État en plus du traitement brut d’Aurélie. Elles contribuent au financement des allocations familiales, du fonds national d’aide au logement, de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, des retraites…

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