Pour le CRPE, les trois épreuves écrites comptent pour 1/3 des résultats du concours contre 2/3 pour les épreuves orales. Autant dire qu’une fois passées les épreuves d’admissibilité, tout va se jouer sur la qualité de votre prestation lors de ces épreuves orales.

Vous serez évalué sur vos compétences, connaissances, aptitudes ou attitudes attendues dans l’exercice du métier. Cet ouvrage vous y prépare : Épreuve d’entretien, Oral d’admission, d’Annie Balay, Karine Bonnal, Claire Durand et Agnès Morcillo publié chez DUNOD Éditeur, Collection Je prépare – CRPE 2023 Août 2022 – 336 pages – ISBN 978-2100-84131-8.

En voici un extrait.

Le jury et ses attentes

Il est important de noter que les attentes du jury se tournent vers une posture professionnelle d’enseignant, ce qui signifie que, tant dans les exposés que dans les entretiens, le candidat doit se positionner en tant qu’enseignant en devenir, en regard du référentiel de compétences.

Si vous préparez ce concours alors que vous avez eu auparavant une autre vie professionnelle (par exemple dans le secteur social), veillez à profiter de cette expérience professionnelle lors de l’épreuve (qui peut être un réel atout), tout en vous positionnant sur votre nouvelle posture d’enseignant.

Les entretiens qui suivent vos exposés ont pour objectif de vous solliciter pour des compléments de réponses qu’éventuellement vous n’auriez pas donnés.

Le temps de l’entretien est un temps d’échange : soyez d’abord et surtout en situation d’écoute. En effet, vous devez répondre aux questions posées par le jury.

Il est souvent relevé dans les rapports de jury que certains candidats n’écoutent pas la question dans son entier (étant déjà en train de réfléchir à la réponse à donner) et répondent parfois trop rapidement et à côté.

Prenez ensuite le temps de la réflexion pour répondre. Lorsque vous répondez aux questions, continuez à regarder chacun des jurés et pas seulement celui qui vous a posé la question.

La composition du jury est un élément à prendre en compte pour l’entretien.

La composition du jury

Rappel des dispositions réglementaires spécifiques à l’épreuve d’entretien : « Le jury comprend des personnels administratifs relevant du ministre chargé de l’éducation nationale, choisis en raison de leur expérience en matière de gestion des ressources humaines. »

Le jury devra donc comprendre au moins deux personnels administratifs disposant de compétences avérées en gestion des ressources humaines.

En ce qui concerne le CRPE, et selon la même logique, la composition des commissions pourra suivre les prescriptions suivantes :

  • Les différentes combinaisons possibles nécessitant, en plus du membre impératif désigné ci-dessus, la mobilisation :
    • soit d’un personnel administratif choisi pour son expérience RH ;
    • soit d’un IA-IPR ;
    • le 3e membre étant choisi parmi l’ensemble des possibles en fonction des ressources disponibles.

S’il peut sembler que l’entretien est mené par l’IEN, le ou les autres membres du jury sont parties prenantes, et à parts égales, dans la décision. Il est donc important de bien repérer « qui est qui », pour vous adresser à l’un plutôt qu’à l’autre lors de l’entretien, sans négliger pour autant les autres par un balayage régulier de vos interlocuteurs.

Les attentes du jury sont de s’assurer que :

  • vous connaissez et adhérez aux valeurs et aux exigences du service public d’éducation ;
  • vous avez le potentiel pour vous projeter en tant que professeur des écoles.

Des attentes pour les entretiens

  • Les principales attentes positives (profil du candidat) :
    • Bonne qualité d’expression et de communication
    • Bonnes connaissances didactiques, pédagogiques, scientifiques et institutionnelles de l’EPS
    • Bonne connaissance du système éducatif et culture générale solide
    • Bonne capacité d’écoute et de réflexion
    • Bonne capacité à rentrer en contact avec le jury
  • Les principales compétences attendues :
    • Qualité de l’argumentation (clarté, concision, justification)
    • Connaissances sur le futur métier et projection du candidat
    • Élocution
  • Les principaux critères de « refus » :
    • Expression confuse et mauvaise maîtrise de la langue française
    • Agressivité envers le jury
    • Inculture
    • Manifestation de préjugés (racistes…)
    • Prises de position inadaptées et dangereuses
    • Incapacité du candidat à communiquer avec le jury

« N’oubliez pas de sourire et de regarder le jury dans les yeux, il n’y a rien de pire qu’un regard fuyant ou qu’un candidat qui fait la tête. »

Priscilla Chazot-Magdelaine, Réussir ses oraux de motivation, Dunod, 2017

Foire aux questions

Comment m’habiller pour l’oral ?

Dès les premières secondes où vous entrez dans la salle, vous vous donnez à voir et, durant toute la durée de l’entretien, vous renvoyez au jury une image. Celle-ci doit être en accord avec les normes de civilité en vigueur chez les enseignants : une tenue correcte, non négligée est attendue.

Je ne sais pas répondre à une question du jury : que faire ?

Si vous n’avez pas compris une question, n’hésitez pas à demander une reformulation ou des précisions (attention à ne pas en abuser). Néanmoins, il faut se préparer à ne pas savoir répondre. En tant que tel, un oubli ou un trou de mémoire n’est pas préjudiciable.

Il ne faudra pas oublier les conseils donnés au point 1 de ce chapitre et montrer une maîtrise du cadre oral en exprimant ce qui se passe. Vous mettez en jeu des capacités méta-communicationnelles : « je ne me rappelle plus… », « j’ai un trou de mémoire… », « je ne sais pas répondre… »

ATTENTION : Une méconnaissance récurrente des textes fondamentaux du service public d’éducation et ceux qui régissent les droits et les obligations des fonctionnaires en général et des enseignants en particulier n’est pas acceptable.

Lorsque je suis stressé(e), je parle trop vite, je rougis, je sue de manière visible, je tremble un peu : que faire ?

Être stressé en situation de concours est tout à fait normal. Le stress étant une réaction de l’organisme à une sollicitation de son environnement, notamment lors d’un concours ou un examen.

En plus des différences individuelles sur l’intensité du stress, il y a des différences sur la visibilité de ce phénomène. Certains d’entre vous rougiront, d’autres auront tendance à suer plus que d’habitude, à trembler ou/et à accélérer le débit de paroles voire à bégayer.

Le jury est bien là pour évaluer. Il peut ainsi tester votre stabilité émotionnelle. Dans ce but, il cherche à repérer les prémices de compétences professionnelles. Or, le fait de prendre sur soi, de réussir à parler, de faire un effort pour être compréhensible alors qu’on est stressé est bien une des compétences qui est attendue et vous sera nécessaire dans votre métier.

Un professeur des écoles n’est pas imperméable au stress mais il doit savoir le gérer. Il doit ainsi montrer sa capacité à s’adapter à des contextes variés.

Le ressenti d’une candidate : « no stress »
« Je suis tombée sur un jury très bienveillant et souriant, ce qui a grandement contribué à chasser mon stress. Cependant, aux dires d’autres candidats, certains jurys ont été très “cassants” et pointilleux, cela peut grandement déstabiliser, mais cela n’a pas empêché les bonnes notes. Le principal est sans doute de rester soi-même, comme on serait dans une classe, et de minimiser son stress ou en tout cas s’arranger pour qu’il ne soit pas trop perceptible. »

Quelle posture adopter pour l’oral ?

Nous pouvons trouver dans les rapports de jury des remarques sur des attitudes « désinvoltes » ou « renfermées ». Votre comportement, vos attitudes doivent exprimer votre aptitude à communiquer et à respecter les « normes sociales » en vigueur pour ce type d’épreuve.

Une verticalité dans la posture et une adéquation entre votre gestuelle et votre discours ne pourront qu’être favorablement interprétées par le jury.

Cependant, il n’est pas nécessaire de vouloir « trop en faire » pour la maîtrise de ces phénomènes. Un certain « naturel », s’il est dans les normes (par exemple ne pas s’affaler sur la table), est largement suffisant.

Les jurys apprécient que le candidat se positionne en tant que futur professionnel et accorde une importance à entrer dans l’échange avec le jury en adoptant notamment un regard critique sur ses propres connaissances.

L’entraînement sous le regard de vos proches ou collègues peut être suffisant afin de corriger ce qui massivement peut nuire (souffler, lever les yeux au ciel).

La communication non verbale

Le phénomène central de la communication est l’interaction, c’est-à-dire qu’une situation de communication entre deux sujets n’est pas réductible aux caractéristiques des deux. Il est nécessaire d’y adjoindre la relation qui s’établit.

Le discours d’un individu est une réponse à une situation, il va devenir stimulus du discours de l’autre qui à son tour va aiguiller le discours du premier. L’interprétation occupe une place importante dans ces discours dialogués.

Toute communication est contextualisée. Le contexte n’est pas qu’un décor, c’est surtout un cadre symbolique qui est porteur de normes, de règles, de modèles et de rituels d’interactions. Font également partie du contexte le rôle que joue chacun et le déroulement de l’interaction tel que posé par l’épreuve orale.

Selon le principe de l’École de Palo Alto, « on ne peut pas ne pas communiquer », « tout fait signe ». Il faut donc bien comprendre qu’il n’y a pas, pour l’interlocuteur, que notre parole qui est porteuse d’informations lors d’une interaction. Notre comportement non verbal est aussi soumis à lecture.

Et l’ensemble de l’information verbale et non verbale fournit un sens pour l’interlocuteur à notre intervention. Tout comme les connaissances, le corps et la voix doivent être l’objet d’un travail et d’un entraînement réguliers afin d’être prêt le jour J.


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