La construction de relations de confiance entre les parents et les enseignants est une question centrale, régulièrement rappelée comme une priorité de l’institution. Les réunions à l’école sont des rendez-vous à ne pas manquer pour une bonne évolution de ces relations.

À travers ces extraits du livre Familles-École : construire une confiance réciproque paru chez Réseau Canopé, Jean-Louis Auduc vous donne le mode d’emploi pour réussir les réunions avec les parents de vos élèves.

Réussir les rencontres individuelles et collectives

La confrontation des points de vue, qui tient au positionnement propre et singulier de chacun, est nécessaire et enrichissante. Le dialogue entre les deux pôles passe par une reconnaissance de l’autre comme porteur d’une parole différente et un respect de son rôle propre.

En outre, chacun, école et famille, a besoin de l’autre pour mener à bien sa mission : l’enseignant doit soutenir l’autorité des parents et réciproquement.

Plusieurs types de rencontres avec les parents d’élèves peuvent se présenter pour l’enseignant :

  •  les rencontres circonstancielles : à l’entrée ou à la sortie de l’école ou du collège, lors d’une sortie éducative ;
  • les rencontres obligatoires à la rentrée et pendant l’année concernant le parcours scolaire du jeune ;
  • les rencontres sollicitées par l’enseignant pour évoquer le comportement et/ou les résultats du jeune ou celles sollicitées par les parents.

Réfléchir à l’accueil des parents

Il est important que les parents se sentent réellement acteurs dans chacune des réunions et qu’ils s’approprient l’école de leur enfant. Il ne s’agit donc pas seulement de faire des parents des « accueillis » mais d’en faire de véritables acteurs.

Cela implique en particulier d’avoir présents à l’esprit les enjeux que représente un bon accueil de l’école, a fortiori pour les familles de milieux défavorisés et celles d’origine étrangère.

L’un des premiers lieux d’accueil possible est celui de la classe. On peut se demander dans quelle mesure le fait de faire asseoir les parents dans la salle de classe de leur enfant n’est pas susceptible de raviver les souvenirs – pas toujours bons – de leur scolarité ou de les infantiliser. Autant de mauvaises conditions pour engager le dialogue ! En revanche, la salle de classe peut être utilisée pour informer les familles sur les apprentissages et montrer des réalisations de leurs enfants.

Clarifier les objectifs de la rencontre

Quelques pistes pour que la rencontre soit efficace :

  • Préparer une liste des idées qu’on veut aborder.
  • Débuter toujours la rencontre en mettant en avant une réalisation réussie du jeune.
  • Si la rencontre est susceptible d’entraîner un conflit, réfléchir à la possibilité d’un tiers présent lors de la rencontre (chef d’établissement, responsable de l’association des parents d’élèves, personnel d’un centre social, animateur de la municipalité…).
  • Être toujours très précis sur le message destiné à la famille : au besoin, ne pas hésiter à faire des fiches pour étayer son constat.
  • Être attentif à écouter les inquiétudes, les préoccupations, le questionnement des familles.
  • Expliquer calmement le diagnostic sur la situation du jeune. Laisser l’interlocuteur présenter le sien et éviter de l’interrompre.
  • Toujours faire reformuler certaines analyses ou propositions afin de s’assurer d’une bonne compréhension par les parents.
  • Rester le plus pondéré possible et ne pas adopter une attitude défensive par rapport à d’éventuelles manifestations de colère.
  • Ne pas rendre responsable le ou les parents des problèmes que peut rencontrer l’enfant.
  • Essayer avec la famille de découvrir ce qui a pu produire la difficulté dans les apprentissages ou le problème de comportement au lieu de se précipiter sur l’énoncé de solutions.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire lors d’une rencontre parents/enseignants :

  • Se laisser accaparer, déborder lors de la rencontre et ne pas pouvoir développer les éléments essentiels.
  • Adopter une attitude fataliste vis-à-vis du jeune : « il n’y a plus rien à faire… » ; « son frère, sa sœur était déjà comme ça… ».
  • Se mettre en situation de se justifier systématiquement pour prouver que, sur tous les points évoqués, on est le seul à avoir raison et que les parents ont tort.
  • Blâmer l’attitude de la famille vis-à-vis de l’école.
  • Penser que l’on sera seul en capacité de résoudre tous les problèmes. Il ne faut jamais hésiter à conseiller aux parents de consulter d’autres professionnels.
  • Ne jamais faire appel à des « médiateurs » possibles : délégués des parents de la classe, responsables de l’association de parents d’élèves de l’établissement.
  • Si les parents deviennent plus agressifs, il ne faut surtout pas répondre sur le même ton.
  • Enfin, il vaut mieux parfois se parler que d’écrire « à chaud », sous le coup de la colère après une situation difficile. Le mot écrit laisse une trace ineffaçable. Il faut donc être extrêmement prudent dans son utilisation.

Tenir un historique des rencontres

Les réunions avec les parents d’élèves sont organisées en vue d’une meilleure réussite du jeune. Il est donc important pour l’enseignant de tenir un cahier des rencontres pour ne pas être pris au dépourvu par rapport à un questionnement précis de la famille faisant écho à une situation évoquée dans un rendez-vous précédent.

Dans cet historique, il apparaît indispensable d’indiquer pour chaque rendez-vous :

  • Qui a provoqué le rendez-vous ?
  • Quelles informations ont été données par l’enseignant, par la famille ?
  • Quelles questions ont été laissées en suspens et doivent faire l’objet d’un entretien ultérieur ?
  • Quelles décisions ont été prises et comment s’est déroulé le suivi ?
  • Quelles sont les potentialités de travail en commun avec la famille ou quels sont les problèmes posés par cet entretien ?
  • Souligner l’évolution de l’enfant en termes de comportement ou de réussite scolaire.
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