David, professeur de Lettres, dans un bilan qu’il fait en fin d’année de formation, formule ce qui peut poser un problème à un débutant : transformer le savoir acquis au cours
d’études universitaires en objet d’apprentissage pour les élèves.

Enseigner s’apprend. Cette remarque qui, aux yeux d’un enseignant confirmé, pourrait relever d’une lapalissade, constitue, à mes yeux, la clef de voûte de cette année de formation.

Formation est le mot qui convient, c’est-à-dire pourvoir d’une forme par opposition à ce qui en est privé. Mes premiers cours ont été un témoignage flagrant de cette absence de forme. Je pense à ma première séance, avec ma classe de troisième, qui a porté sur l’étude du mode infinitif et qui fut un fourre-tout impressionniste, confus, faisant fi de la présence même des élèves.

Ce jour-là, ils n’ont pas compris le contenu du cours mais, en outre, ils n’ont pas compris qui j’étais, quel savoir j’étais censé leur transmettre. Ils n’ont pas vu en moi un enseignant, un donneur de signes, celui qui est présent en classe pour eux, pour leur délivrer des clefs, pour fournir un sens à notre relation.

Lauréat du concours, avec des connaissances précises sur la langue et la littérature françaises, j’ai dû, pendant les premières semaines, accomplir un important travail de décantation, de clarification de ce que je savais pour le transformer en objet d’étude pour les élèves.

Je n’ai pris connaissance du sens profond de la didactique qu’en me retrouvant face à moi-même, face à cette indispensable révolution à entreprendre par rapport à mes connaissances universitaires, afin que je sois compris des élèves, que nous parlions ensemble, sans hiatus. Afin aussi qu’ils me perçoivent comme un professeur à part entière, compétent, qui sait véhiculer avec efficacité son savoir.

Mon apprentissage s’est donc fait à leur contact, face à leurs doutes, leurs réprobations, face à mes hésitations à répondre à leurs questions, face au flou de mes consignes, à mes trop nombreux implicites. Cet apprentissage fut fructueux. Je l’ai vécu avec une intensité permanente parce qu’il m’a révélé mes faiblesses mais aussi mes progrès au cours de l’année.


Où trouver le magazine gratuit Vocation Enseignant ?

Suivez toute l’actualité des recrutements des métiers de l’éducation
sur la page Facebook de Vocation Enseignant.


Vos commentaires, vos questions, votre témoignage...