Le premier cours constitue une sorte de rite de passage d’un état d’étudiant à celui de professionnel de l’enseignement. Ce passage peut provoquer de l’appréhension, mais il est aussi le couronnement des efforts déployés pour réussir un concours difficile.
Les conseils et témoignages qui suivent sont extraits du livre « Analyses de situations pour bien débuter dans l’enseignement », de Françoise Clerc, Sophie Genès et Nicole Priou. Hachette éducation – 224 pages – Juin 2011 – ISBN 978-2-01-171301-8.
Le premier contact avec les élèves
Il n’est pas rare de rêver de la rentrée les jours qui précèdent ou d’avoir ses derniers jours de vacances un peu perturbés par l’événement attendu et redouté. Chaque journée de rentrée est une journée à impact émotionnel fort, à plus forte raison lorsqu’on vit sa première rentrée comme enseignant. Mais c’est aussi le moment privilégié pour une prise de conscience, au-delà des discours, par une expérience intime : je ne suis plus un élève, je suis un professeur.
Le début de l’année permet de prendre conscience du professeur que l’on va être, peut-être un peu différent de celui que l’on a projeté d’être ou que l’on aimerait être. C’est l’occasion d’une découverte personnelle. C’est aussi l’occasion de la découverte de ceux qui sont au centre des préoccupations des professionnels de l’éducation : les élèves. Ils sont divers. Ils changent d’un jour à l’autre. À partir du premier contact, leur connaissance sera donc un objet d’attention constant.
Le premier jour de classe
Si l’arrivée dans un établissement peut constituer une expérience déroutante, la première classe est souvent appréhendée par les enseignants débutants : « J’ai eu un trou noir en entrant dans la classe », « J’ai eu envie de ressortir », « Je ne savais plus ce que j’avais préparé ». Mais tout le monde n’est pas aussi émotif. Karim par exemple : « J’avais envie de savoir si j’allais faire le poids ». Charline : « J’ai trouvé que ces petits sixièmes avaient une bonne tête dans l’ensemble. J’ai tout de suite pensé que nous allions bien nous entendre ». Noémie : « Le premier jour ça n’a pas trop bien marché. J’étais trop contractée. Mais le lendemain, je les avais encore en début d’après-midi et ça a bien été. Le contact avait été établi malgré tout. » Alice, qui a déjà accompli une longue carrière, raconte : « Le premier jour ? Attends. Je vais te décevoir si tu penses que ça a été une expérience difficile : j’en garde un excellent souvenir. Je me suis dit : enfin je suis en train de réaliser mon rêve, enseigner les sciences. J’avais plein d’idées, plein d’envies. Avec le recul, je pense que je ne m’y suis pas bien prise ce jour-là mais ça ne fait rien. J’étais sûre qu’ils allaient accrocher à la physique. Avec des hauts et des bas, des différences d’une classe à l’autre, d’un élève à l’autre, en gros, c’est ce qui s’est passé depuis. »
10 conseils à l’usage de l’enseignant débutant
1 – Se repérer dans l’établissement.
La signalétique n’est pas toujours bien conçue. Il est important pour le moral de ne pas se perdre avant un cours. Une première visite avant ou pendant la prérentrée pour s’orienter, repérer les salles de classe, la salle des professeurs, les bureaux de l’administration, le CDI, trouver son casier… s’impose. On peut aussi minuter le trajet entre le domicile et l’établissement surtout dans une grande ville. Cela permet de prévoir une marge pour éviter d’être en retard.
2 – S’informer sur les programmes et les réformes en cours.
Au Centre de documentation et d’information, dans les salles spécialisées ou parfois dans la salle des professeurs, il est possible de trouver les textes officiels. Ils sont toujours accessibles sur Internet. On trouve des résumés et des commentaires des textes, ainsi que des outils sur Éduscol (le portail national des professionnels de l’éducation : http://eduscol.education.fr/).
3 – Trouver des appuis auprès des collègues.
Il ne faut pas hésiter à demander des informations ou des explications. La salle des professeurs est le lieu privilégié pour rencontrer les autres professeurs mais dans certains établissements, c’est au moment des repas ou dans les intercours, devant la machine à café que les échanges ont lieu. Les professeurs documentalistes sont des mines d’information. Le CPE, en général, connaît bien les élèves.
4 – Dialoguer avec le tuteur.
Il est important de se faire un allié du tuteur. Certains ne sont pas très disponibles. Si on a besoin d’aide, il faut cibler sa demande. S’il donne un conseil, il faut lui demander de le commenter (pourquoi ? à quelles conditions ?). Son coup d’oeil est intéressant, même si on n’est pas forcément d’accord avec ses observations.
5 – Ne pas vouloir donner une image de soi ni trop dilettante, ni trop parfaite.
Il n’est pas possible de tenir longtemps une image éloignée de ce qu’on est en réalité.
6 – Organiser son temps.
L’emploi du temps des classes ne définit que le temps de présence devant les élèves. S’il est important qu’il ne soit pas trop dispersé, c’est l’organisation du temps de travail hors de la classe qui est la plus difficile à réaliser : on se laisse facilement déborder par les préparations et surtout par les corrections de devoirs. Il faut se fixer des rythmes pour ne pas avoir trop de retards, se donner des bornes temporelles pour préserver sa vie privée, choisir des priorités. Il ne faut pas être trop perfectionniste.
7 – Préparer son premier cours.
Rythmer le temps du premier cours par différentes phases (présentation personnelle, commentaires sur un document écrit qui cadre le travail de l’année, réponses aux questions des élèves, première activité, etc.).
8 – Même si tout ne se joue pas au premier contact,
on peut avoir intérêt à anticiper sur le cadre qu’on donne à voir par la posture adoptée face aux élèves, dans la gestion des « premières fois » : la première fois où un élève transgresse une règle du jeu qui vient d’être posée, le premier retard, la première fois où on est témoin d’insultes entre élèves, etc.
9 – Avoir en tête dès les premiers contacts :
qu’on peut s’accorder un délai en cas d’embarras et ne pas vouloir avoir réponse à tout, tout de suite : « Je vérifie, on revoit cela demain », « Tu viens me voir à la fin du cours et on en parle. Il faut que je réfléchisse à ta question. » ;
qu’on gagne à ne pas s’enfermer dans une impasse lorsqu’on n’a pas eu le bon réflexe en situation et qu’il n’est pas déshonorant de s’excuser ou de revenir sur une erreur.
10 – Avoir un retour sur sa pratique de classe.
Il est toujours intéressant d’avoir un retour sur le fonctionnement de la classe. C’est le travail du tuteur mais un collègue peut aussi être un observateur efficace. Le plus difficile est d’informer les élèves de la présence d’un visiteur sans passer pour un apprenti.
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