On s’en doutait un peu. Internet, en offrant chaque jour davantage d’informations transformables en savoirs et en connaissances, impacte l’enseignement, ses méthodes, et par conséquent le métier d’enseignant.

L’usage d’Internet par les étudiants est bien connu par les enseignants quand les « copies » rendues sont précisément des « copiés /collés » d’informations trouvées sur le web…

A quoi sert encore un professeur quand tout le savoir qu’il avait jusqu’à maintenant la charge de transmettre se retrouve en deux clics de souris sur Google ? A quoi sert d’apprendre quand le savoir est accessible sur des terminaux mobiles connectés en permanence ?

Marcel Gauchet, philosophe, dans son dernier ouvrage « Transmettre, apprendre » publié en février 2014 chez Stock, pose la question « Apprendre, qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela suppose ? Par quelles voies est-ce que cela passe ? À ces questions, l’école contemporaine apporte une réponse catégorique :
l’école traditionnelle s’est trompée, elle a voulu transmettre des connaissances détenues par un maître en les inculquant à des élèves passifs.

Cette pédagogie de l’imposition ne marche pas. Il faut lui substituer une pédagogie active faisant de l’enfant l’acteur de la construction de ses savoirs. » À l’heure d’Internet, le rôle de l’enseignant change, il n’est plus un simple transmetteur du savoir.

Venu d’Outre-Atlantique, le MOOC, acronyme de massive open online course, c’est-à-dire cours en ligne ouvert et massif ou de masse, est dans la logique de la pédagogie (voire andragogie) active où l’apprenant co-construit le contenu de savoir à acquérir.

Les MOOC, nouvelle forme de formation en ligne ou à distance, commencent à faire leur apparition depuis quelques mois dans l’enseignement supérieur en France.
Le principe du MOOC est qu’il s’adresse à un grand nombre ou à un nombre illimité d’apprenants et c’est en cela qu’il est massif ou de masse. Une autre caractéristique du MOOC est que le cours n’est pas figé. Les apprenants sont dans une démarche collaborative et participative, dans un processus de connaissances co-construites à partir des ressources qu’offrent le web et l’expérience, les connaissances de chacun.

Le rapport aux connaissances se réalise dans un nouveau paradigme, dans un processus qui s’apparente plus à une médiation des savoirs qu’aux cours académiques auxquels nous a habitués l’école. Le terme même d’enseignant risque de changer de sens, car si aujourd’hui il s’applique encore à des personnes, peut-être demain ne désignera-t-il plus que des outils ou systèmes.

L’enseignant devient un médiateur des connaissances

L’enseignant d’aujourd’hui est-il le « community manager » de demain ?
Dans un MOOC, l’étudiant devient apprenant et la classe devient une communauté. Ce n’est plus un enseignant qui est à la manoeuvre, mais une équipe technique et pédagogique.

À la différence de l’enseignement traditionnel, la totalité du cours est loin d’être écrite au départ, et chaque session de MOOC est unique par la composition de la communauté constituée par la masse des inscrits. Chaque MOOC est donc unique par son contenu, comportant une partie pré-élaborée par l’enseignant et une partie co-construite par la masse des inscrits.

Alors oui, l’enseignant qui transmet et commente le contenu d’un livre appartient désormais au monde qui précède les MOOC, et l’enseignement bascule à son tour, à l’instar d’autres secteurs de la société, de la verticalité à l’horizontalité.

L’enseignant à l’ère des réseaux et du numérique s’inscrit dans une dynamique horizontale où la transmission n’est plus verticale mais latérale. Ses fonctions évoluent en conséquence vers un « manager de communautés », véritable médiateur des connaissances.

Le portail FUN France Université Numérique

Le ministère de l’Éducation nationale a bien compris l’enjeu des MOOC et a mis en ligne en 2013 le portail FUN – France Université Numérique – www.france-universite-numerique.fr et la plateforme de MOOC http://www.france-universite-numerique-mooc.fr/

FUN est une plateforme de MOOC mise à disposition des établissements de l’enseignement supérieur français et de leurs partenaires académiques dans le monde entier. Lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en octobre 2013, cette initiative vise à fédérer les projets des universités et écoles françaises pour leur donner une visibilité internationale, et permettre à tous les publics d’accéder à des cours variés et de qualité, où qu’ils soient dans le monde.

Tous les cours présents sur FUN sont conçus par des professeurs d’universités et écoles françaises et leurs partenaires académiques internationaux. Les étudiants et les internautes peuvent suivre ces cours de manière interactive et collaborative, à leur rythme, gratuitement et sans condition de diplôme.

Quelques exemples de MOOC

Chantre des MOOC, Rémi BACHELET, enseignant à l’école Centrale de Lille a développé le MOOC « ABC du management de projet » https://unow-mooc.org/gestiondeprojet/ et en est l’un des pionniers en France en proposant une certification. Pour Rémi Bachelet, un bon MOOC est d’abord un bon cours. La préparation des MOOC suppose l’élaboration de scénarios pédagoqiques impliquant la particpation active de l’étudiant. Non seulement apprenant, l’étudiant est mis à contribution pour évaluer ses pairs.

Le MOOC « Effectuation » http://mooc.unow.fr/, mis en place à l’école EMLYON Business School par Philippe SILBERZAHN, pousse loin la participation des étudiants. Formation à l’entreprenariat, ce MOOC a vu l’inscription de plus de 9.000 étudiants et son « Laboratoire des projets » a reçu 4.200 contributions.


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