APRÈS LES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE PISA

Les résultats de l’enquête PISA qui s’est déroulée en 2012 en France et dans 64 autres pays indiquent clairement les faiblesses du système éducatif français frappé par une triple fracture « sociale, ethnique et sexuée ».

En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus forte que dans la plupart des autres pays de l’OCDE, et pourtant le score obtenu en mathématiques demeure quant à lui au niveau de la moyenne des pays de l’OCDE.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 15 % de la variation de la performance des élèves en mathématiques s’explique par leur milieu socio-économique. Dans certains pays, incluant la France, le milieu socio-économique dans lequel on vit explique encore plus fortement les performances obtenues lors de l’enquête PISA 2012. Ainsi, parmi les 65 pays et économies participants, le pourcentage de la variation de la performance des élèves imputable au milieu socio-économique n’est supérieur à 20 % qu’en France (22.5%), en Bulgarie, au Chili, en Hongrie, au Pérou, en République slovaque et en Uruguay.
Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43 points en 2003 contre 55 en 2006 et 57 points en 2012). En France, lorsque l’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003.

Les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté. La proportion d’élèves issus de l’immigration se situant sous le niveau 2 en mathématiques lors du cycle PISA 2012 ne dépasse pas 16 % en Australie et au Canada, mais atteint 43 % en France et globalement plus de 40 % uniquement en Autriche, en Finlande, en Italie, au Mexique, au Portugal, en Espagne et en Suède.
Même après contrôle du milieu socio-économique, en France, les élèves issus de l’immigration accusent des scores inférieurs de 37 points à ceux des élèves autochtones, soit presque l’équivalent d’une année d’études (contre 27 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE).

Le rapport concernant PISA 2012 indique également que « la progression en France en compréhension de l’écrit est principalement due à l’amélioration des résultats des filles. » Ainsi, entre 2000 et 2012, la proportion d’élèves très performants a augmenté de 6 % chez les filles (contre seulement 2 % chez les garçons), alors que dans le même temps, la proportion d’élèves en difficulté a augmenté de 6 % chez les garçons (contre seulement 2 % chez les filles).
Cette indication montre une situation catastrophique dans le domaine de la lecture pour les garçons.
Les résultats de PISA 2012 indiquent clairement : « En France, l’écart de performance en compréhension de l’écrit entre les sexes s’est creusé entre les cycles PISA 2000 et PISA 2012, passant de 29 à 44 points de différence en faveur des filles. »
Cela signifie que de 2009 à 2012, l’écart s’est accru de 4 points confirmant la moyenne de 4 points d’écart supplémentaire tous les trois ans depuis 2000.

Quels beaux défis à relever par les enseignants pour corriger ces résultats en étant appuyés par une refonte et une revalorisation de leur métier, de nouveaux programmes et des moyens supplémentaires.
Il est urgent que notre système éducatif ne soit plus recordman du monde des inégalités en tout genre, mais puisse conjuguer :

des filières d’excellence ;

une forte diminution du nombre d’élèves qui reste au bord du chemin.

C’est aussi un défi pour les Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE) que de former efficacement les enseignants non seulement à l’évaluation, mais aussi au diagnostic des difficultés des élèves et aux remèdes à apporter pour combattre celles-ci.

JEAN-LOUIS AUDUC

Jean-Louis Auduc est ancien directeur des études d’un IUFM et l’auteur de nombreux ouvrages sur le système éducatif.


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