Mais oui, le métier enseignant en vaut la peine, si… Ne nous voilons pas la face, il y a une crise de recrutement qui touche le métier enseignant. On manque de candidats pour enseigner dans les écoles, les collèges et les lycées. Pourtant le métier enseignant en vaut la peine et apporte beaucoup de satisfactions à ceux qui l’exercent. Deux sondages de deux syndicats , le SE-UNSA et le SGEN-CFDT (avril et mai 2014) auprès des enseignants du premier degré viennent de le montrer. Selon le sondage du SE-UNSA, 84 % des enseignants sont satisfaits du travail qu’ils accomplissent et 62 % s’y épanouissent. Le métier reste un « beau métier ». Mais la pression sociale pèse sur les professeurs : 84 % considèrent que l’opinion publique ne comprend pas leur travail et la moitié se sentent incompris par leur entourage. Dans le sondage du SGEN, plus de 82 % des enseignants envisagent de rester dans ce métier : 56,7 % en poursuivant dans la même fonction, 25,5 % en évoluant dans d’autres fonctions. Ces démarches sont en cohérence avec les motivations évoquées par les personnels pour expliquer le choix de ce métier : le plaisir d’enseigner et transmettre des connaissances et le travail avec les jeunes enfants viennent très largement en tête des motivations ayant déterminé le choix de devenir enseignant du premier ou du second degré. En apparence, tout va donc bien. Mais ces sondages montrent également une forte lassitude devant la hiérarchie et les réformes à l’image de ce que déclarent aussi les enseignants sondés par le Se-Unsa. Bien peu d’enseignants considèrent leur IEN comme un appui ou comme un élément dynamisant. D’ailleurs en cas de problème seulement 27 % se tourneraient vers lui alors que 66% s’appuient sur des collègues. Le sondage du SGEN–CFDT confirme cette situation si l’on en juge par les réponses à la question suivante : Durant votre carrière, considérez-vous que le rôle de votre IEN a été : Dynamisant : 9,9 % Purement administratif : 63,9 % Valorisant : 14,1 % Infantilisant : 29,0 % Formateur : 17,9 % Contre-productif : 12,1 % Les enseignants en poste jugent que le métier évolue trop rapidement et 67 % sont en désaccord avec cette évolution. C’est particulièrement net dans le premier degré avec 70 % de désaccord contre 58% dans le second degré. Trois enseignants sur quatre (73 %) pensent que leur hiérarchie ne comprend pas leurs contraintes professionnelles et 56 % qu’elle ne les écoute pas. Là aussi la situation est pire dans le premier degré : 83 % des enseignants y ont peur des inspections (54 % dans le second degré) et 79 % se sentent incompris (58 % dans le second degré). Les règles qui organisent le métier posent aussi question. Concernant les réformes menées ces dernières années, les enseignants en poste mettent en doute les réformes proposées depuis plusieurs années. S’ils ne contestent pas les faiblesses du système éducatif français, les enseignants jugent qu’ils ne sont pas informés des tenants et des aboutissants d’une réforme, des procédures d’évaluation mises en œuvre s’il y en a, ce qui est rarement le cas…. Cette perception négative résulte aussi du fait que l’accompagnement des réformes par l’institution n’est pas au rendez-vous. Le constat de ces enquêtes est sans appel : le métier enseignant vaut la peine d’être exercé, mais les réformes proposées d’en haut ne passent plus et les relais hiérarchiques sont délégitimés. Jean-Louis AUDUC
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