Le mémoire de master est déterminant pour votre année de M2, puisque sa validation conditionne l’obtention de votre diplôme. Du choix du sujet à la préparation de sa soutenance orale, voici les 12 conseils de Jean-Louis Auduc, ancien directeur des études de l’IUFM (ex INSPÉ) de Créteil, pour mettre toutes les chances de votre côté.
1- Bien choisir son sujet
La meilleure idée que vous puissiez avoir est de trouver un sujet qui vous plaît et que vous souhaitez creuser. Étant donné que vous allez passer des heures à travailler sur votre mémoire, autant que ce soit un sujet qui vous passionne. Cette démarche initiale est essentielle. Il est en effet indispensable de valider a priori la pertinence du sujet (sa capacité à supporter un approfondissement ou un traitement contradictoire, son actualité pour les acteurs de l’éducation et/ou la recherche, etc.).
À ce stade, on veillera à baliser clairement le champ d’études ou de réflexion, de telle sorte qu’il ne demeure aucun risque d’équivoque ou d’interprétations faussées. Faites en sorte que votre sujet soit en adéquation avec la formation et les stages en établissement scolaire que vous suivez.
2- Délimiter clairement son champ d’investigation
Quel angle de votre sujet n’a pas encore été traité ? Quel phénomène est susceptible d’être creusé ? Pour définir votre problématique, vous allez devoir effectuer un certain nombre de recherches. Situer l’objet étudié dans le champ des connaissances existantes est essentiel.
Certains thèmes/ sujets sont déjà largement explorés, d’autres en cours de défrichage. Dans le premier cas, l’auditeur se repose sur un patrimoine important de connaissances, dans l’autre tout est à faire.
Il vaut mieux vérifier ce point avant de se lancer car on ne situe pas forcément l’état de la science lorsque l’on aborde un champ d’études en novice. Si le thème est déjà exploré, avez-vous les moyens d’apporter un nouvel éclairage qui enrichisse le débat ? Avez-vous localisé une « sous-thématique » encore vierge ? Y a-t-il un champ d’application sur lequel vous pensez être compétent pour exploiter le thème ?
Si le sujet est très largement traité par une multiplicité de publications, ou à l’opposé, s’il est impossible à nourrir faute d’informations (la documentation est inaccessible, parce que la matière est inexistante), il faudra réfléchir à l’intérêt de se l’approprier. Vous allez devoir « étudier de la littérature », rechercher des articles académiques et scientifiques sur le sujet.
3- Bien définir sa problématique
La formulation de la problématique et l’expression des lignes directrices de la recherche sont un aspect essentiel et délicat du travail, car c’est sur ces propositions que repose la solidité de la démarche dans son ensemble. Une problématique et les interrogations associées ne doivent pas demeurer implicites ni être induites a posteriori par le lecteur – académique ou professionnel. Elles démontrent la capacité de l’auteur à mener une réflexion personnelle et autonome sur un sujet choisi.
Une problématique est un ensemble logique construit autour d’une question principale elle-même directement liée au sujet retenu. Cet ensemble logique comprend obligatoirement les hypothèses de travail et les questionnements logiquement articulés entre eux.
Une problématique doit être explicite, rédigée et sans équivoque. Elle doit être déployée et déroulée de façon évidente. Le plan traduit de façon tangible une problématique bien travaillée. De façon imagée, la problématique est le poste de pilotage de votre travail de mémoire.
4- Être clair sur sa méthodologie
Pour réussir l’élaboration d’un mémoire, il convient de respecter une méthodologie rigoureuse qu’il est nécessaire de maîtriser parfaitement afin de produire un travail de grande qualité. Une réflexion n’a de chances sérieuses d’aboutir que si elle s’intéresse à un objet limité, circonscrit par un état des connaissances, et si elle correspond à une demande sociale et/ou professionnelle clairement identifiée. Alors la démarche revêt une certaine légitimité et la question centrale peut être clairement formulée.
Un travail de réflexion ne consiste pas simplement à rappeler ou à reproduire des évidences (des constats), il contribue à l’accroissement des connaissances de son objet dans un champ particulier, et ceci par enrichissement, par confirmation ou par réfutation.
Une méthodologie pertinente permet d’enregistrer et d’analyser des situations concrètes à partir de représentations (concepts, etc.) et d’observations. Une méthodologie bien élaborée renforce le processus de compréhension et la portée à la fois explicative et démonstrative du travail.
5- Avoir réfléchi sur son plan
Étape indispensable à tout mémoire réussi, le plan vous permettra de mettre en relief votre problématique et d’organiser de façon efficace les différents concepts de votre mémoire. Pour composer votre plan, n’hésitez pas à feuilleter les mémoires rédigés par d’anciens élèves de votre promotion. Vous vous donnerez des idées et vous rendrez compte de ce qui peut (ou non) se faire.
Le plan doit être mûrement réfléchi. Il s’agit d’identifier les idées principales à aborder, les arguments et les explications indispensables, ainsi que les exemples à utiliser pour traiter efficacement le sujet, et de décider ensuite comment aborder la problématique et passer d’une idée à une autre de manière logique.
Il faut éviter de mettre le plan en place immédiatement. Il faut commencer par réfléchir, par lire, par synthétiser. Les étudiants doivent savoir de quoi ils veulent parler, le plan viendra facilement par la suite.
Un plan n’est pas un élément rigide ; il est nécessairement appelé à être remodelé, réaménagé et modifié au fur et à mesure que la démarche progresse. C’est pourquoi il est utile de distinguer :
- le plan indicatif correspondant à l’ébauche de la réflexion ;
- le plan de travail ou plan opérationnel détaillé correspondant à la succession des étapes à mettre en œuvre ;
- le plan de rédaction correspondant au sommaire (court) ou à la table des matières (détaillée) qui figurera dans la version définitive du mémoire.
6- Faire efficacement ses recherches
Pour le mémoire, vous allez devoir « étudier de la littérature », rechercher des articles académiques et scientifiques sur le sujet. La partie recherches est très importante : c’est grâce à elle que vous arriverez à connaître votre sujet. Le travail de recueil et d’analyse bibliographique fait intégralement partie de la démarche de réflexion du mémoire.
Selon le type de sujet retenu, les sources documentaires seront constituées d’une part plus ou moins importante de littérature générale, de littérature académique et de recherche, de documents techniques, de presse spécialisée et/ou professionnelle.
Attention, les démarches peuvent prendre un certain temps et les études de terrain requièrent un travail de retranscription et d’analyse a posteriori qui peut se révéler très long et qui nécessite une mise en relation des éléments observés empiriquement avec des concepts théoriques.
Il est important de se munir d’un système de fiches efficace pendant la phase de recherches. Notez méthodiquement vos idées, vos hypothèses, des ébauches d’argumentation, des idées de plan, des citations. Toute idée non archivée est une idée perdue. Ensuite, rangez méthodiquement ces notes ; elles doivent être d’accès facile. Il y a donc deux façons de perdre une bonne idée : ne pas l’archiver, et l’archiver mal.
La plupart de temps, lorsque vous rédigez un mémoire de recherche, vous allez devoir faire une partie « terrain » afin d’avoir des données quantitatives à exploiter. Cette partie est d’ailleurs souvent appelée la « partie empirique » du mémoire. Il faut bien réfléchir à sa méthodologie afin que le terrain sur lequel on va aller soit bien représentatif des divers points de vue sur le sujet.
7- Rédiger soigneusement
Pour la rédaction, essayez de donner tous les éléments qui puissent aider à la compréhension de votre sujet et faire avancer votre argumentation. Essayez de faire des phrases courtes afin de donner plus de force à vos propos. N’hésitez pas à mettre des notes de bas de page si vous avez besoin de faire une précision qui n’apparaisse pas dans le corps de votre texte.
Il est très important de citer ses sources lors de la rédaction de votre mémoire. En effet, lorsque vous énoncez une idée, pensez à dire d’où celle-ci vient. Cela donnera beaucoup plus de poids et de force à votre argumentation.
Le corps d’un mémoire se subdivise en trois grandes parties : l’introduction, le développement et la conclusion. La partie centrale qui comprend elle-même plusieurs subdivisions (chapitres et sous-chapitres) doit être particulièrement bien planifiée. Elle doit comprendre des chapitres, subdivisés en sous-chapitres, puis en sections et ainsi de suite. Une fois le plan adopté, il faut veiller à bien s’y tenir. Cela évitera les éventuelles répétitions et les incohérences.
8- Réfléchir à sa bibliographie et à sa sitographie
Une bonne bibliographie de mémoire (sources scientifiques, académiques) est indispensable. Les références bibliographiques utilisées pour la rédaction du mémoire doivent être listées au fur et à mesure. Elles seront compilées dans la partie bibliographie, dont la présentation doit respecter un format bien précis.
Les fiches doivent être structurées et précises. Structurées, c’est-à-dire qu’il doit être facile de retrouver une information ou une citation ; précises, c’est-à-dire que vous n’aurez pas besoin de retourner en bibliothèque au dernier moment pour vérifier une citation ou un numéro de page.
Pour la partie « sitographie », veuillez à bien indiquer le site Internet concerné et à éviter des sites sujets à caution concernant leurs sources ou n’indiquant pas précisément leurs contributeurs ou la date de la contribution.
9- Penser à construire sa conclusion
La conclusion résume les acquis et explicite clairement les résultats, la thèse du travail. Concentrez-la donc surtout de façon claire sur les acquis de votre travail. Évitez les conclusions expéditives ou floues : on doit pouvoir comprendre nettement à quel résultat vous êtes parvenu.
Vous pouvez aussi, très éventuellement, ouvrir des pistes de recherches ultérieures. En effet, le mémoire de M2 peut être une préparation à un travail de recherche plus poussé. Dès lors, il n’est pas forcément clos sur lui-même, soit parce que l’étude n’est pas exhaustive, soit parce qu’elle ne porte que sur un aspect d’un problème plus vaste, soit encore parce qu’elle consiste en une mise au point sur les différentes interprétations concernant le problème soulevé, soit pour d’autres raisons encore.
10- Rédiger l’introduction en dernier
Il faut apporter un soin tout particulier à l’introduction, autant dans le style que dans le contenu. Elle est en effet primordiale : elle explique le bien-fondé du travail, sa pertinence, les choix qui ont été faits, les raisons de ces choix, elle présente les idées directrices… Il est conseillé de la rédiger en dernier, en parallèle avec la conclusion qui, elle, est un récapitulatif.
Dans l’introduction, une façon naturelle de procéder est la suivante :
- Introduire le questionnement.
- Présenter (au moins sommairement) l’état de la recherche.
- Énoncer la problématique.
- Décrire et justifier la méthode adoptée.
- Annoncer le plan.
11- Relire le texte avec attention
La relecture est une partie importante de la rédaction de votre mémoire. Malheureusement, beaucoup la sous-estiment. Il faut bien travailler la partie forme, il faut avoir un rendu plutôt professionnel du travail qui passe par une relecture importante sur la partie orthographe, vocabulaire et grammaire. Passez du temps à relire vos écrits. C’est l’occasion de revoir les fautes d’orthographe, de syntaxe et de construction des phrases, et aussi de s’assurer de la cohérence des idées. Ce qui peut paraître simple au premier abord, mais qui est négligé par de nombreux professeurs-stagiaires chaque année.
12- Bien préparer sa soutenance
La soutenance de mémoire est un examen oral pendant lequel le candidat présente son travail et répond aux questions d’un jury. Celui-ci, composé de son directeur et d’un autre enseignant-chercheur, a préalablement lu le mémoire et préparé des commentaires et questions.
Il faut préparer avec attention son exposé de début de soutenance d’une dizaine de minutes en présentant bien successivement les raisons qui l’ont poussé à étudier ce sujet, la méthodologie adoptée, les difficultés rencontrées, les résultats obtenus, les lacunes éventuelles et des pistes de recherches ultérieures. Il ne faut pas tout dire dans l’exposé préliminaire, mais garder des éléments à évoquer suite à des questions du jury concernant notamment les difficultés, les lacunes possibles et les pistes de recherches futures.