Qui sont les nouveaux professeurs des écoles, quels sont leurs parcours, les valeurs qui les animent, quel regard portent-ils sur leurs premières années dans le métier et leur formation ? Portrait d’une nouvelle génération révélée par la dernière enquête Harris Interactive sur ce sujet [[Enquête Harris Interactive pour SNUipp. Consultation réalisée en ligne du 19 mai au 13 juin 2016. Échantillon de 1639 professeurs des écoles ayant cinq ans ou moins d’ancienneté, à partir d’un fichier de contacts fourni par la SNUipp.]].
Professeur des écoles : un métier-vocation
C’est une constante : une part importante des enseignants du primaire souhaite enseigner depuis l’enfance ou l’adolescence et ce métier est choisi, pour quasiment trois enseignants sur quatre, par vocation.
Le deuxième moteur puissant de l’attirance pour le métier de professeur des écoles, malgré une baisse importante, reste la volonté de travailler avec et au contact des enfants.
Les avantages liés au rythme de travail (horaires, vacances, etc.), l’influence de l’environnement social ou familial ou encore la volonté de travailler dans le service public ne sont que très secondaires face au véritable attachement à la profession dont témoignent les jeunes enseignants.
L’idée de vocation persiste et se renforce même, alors que le profil des enseignants débutants évolue fortement.
Des enseignants plus diplômés et plus âgés
Les enseignants du primaire prennent aujourd’hui leur premier poste à un âge plus avancé. Logique : le niveau master étant aujourd’hui généralisé au moment du concours, les nouveaux enseignants sont plus diplômés, et naturellement plus âgés.
La licence, qui représentait le niveau le plus élevé de diplôme pour 66 % des enseignants débutants en 2001, n’en concerne aujourd’hui qu’une part négligeable (5 %). C’est donc le master qui constitue aujourd’hui la nouvelle référence, avec 79 % des nouveaux enseignants, contre 5 % en 2001.
Mais le nombre d’années universitaires nécessaires ne suffit pas à lui seul à expliquer l’âge plus avancé des enseignants d’élémentaire et de maternelle qui débutent. En témoigne ainsi la part grandissante (32 % en 2016 contre 15 % en 2001) de ceux ayant choisi le métier de professeur des écoles suite à une première expérience professionnelle. Le phénomène des reconversions, quoiqu’il ne soit pas nouveau, est donc en pleine expansion.
Des débuts dans le métier satisfaisants…
71 % des enseignants se déclarent satisfaits par rapport à ce qu’ils attendaient du métier ! Et leur satisfaction est liée avant tout à ce qui a trait à leurs élèves : leur réussite motive 63 % des jeunes enseignants et plus de la moitié d’entre eux sont heureux de la relation qu’ils construisent et entretiennent avec les enfants et puisent une grande satisfaction dans la transmission de leurs connaissances.
Des débuts positifs dans le métier, focalisés avant tout sur leurs élèves : l’idée de métier-vocation se reflète parfaitement dans la satisfaction qu’éprouvent les enseignants débutants. Les avantages plus pragmatiques, centrés sur les conditions de travail – autonomie, vacances, sécurité de l’emploi ou autres – n’arrivent que dans un second temps.
Pour les jeunes enseignants, les plus grandes satisfactions au quotidien concernent directement leurs élèves, que ce soit leur réussite (63 %), la relation entretenue avec eux (60 %) ou la transmission de connaissances (53 %).
… mais aussi quelques désillusions
Pour autant les déceptions existent aussi ! Elles portent en premier lieu sur les implications de leur vie professionnelle sur leur vie privée (60 %) et sur leur charge de travail, plus importante qu’espérée, notamment au niveau du temps de préparation nécessaire à l’enseignement.
Puis viennent les difficultés liées à l’hétérogénéité des classes, l’échec persistant de certains élèves, les moyens matériels parfois jugés insuffisants, mais aussi les relations avec l’institution scolaire – les inspecteurs par exemple – ou encore les relations avec les parents d’élèves.
En quatrième position des problèmes quotidiens rencontrés par les enseignants débutants sont cités les comportements violents. Le problème touche 43 % des jeunes professeurs des écoles, ce qui représente une hausse de 8 points par rapport à 2013 et de 17 points par rapport à 2004. Le phénomène prend donc de plus en plus de place dans le quotidien des enseignants.
Finalement, que manque-t-il aux professeurs des écoles lors de leurs premières années d’enseignement ? Avant tout la vision de la réalité d’une classe et des connaissances pédagogiques. Nombreux sont ceux qui déplorent de ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement pédagogique, d’avoir sous-estimé la charge de travail et de rencontrer des difficultés dans la gestion d’un groupe.
Une formation jugée insuffisante
Pointée du doigt par 77 % des professeurs des écoles débutants, la formation professionnelle est très largement considérée comme insatisfaisante. Et 79 % des enseignants débutants (la proportion est encore plus forte chez les moins de 30 ans) considèrent que leur formation leur a apporté une réflexion globale sur l’école, plus que des outils ou des méthodes directement utilisables en classe.
Il en résulte, au-delà d’un manque de vision de la réalité d’une classe et de connaissances pédagogiques, une grande hétérogénéité sur les méthodes d’enseignement appliquées par les professeurs des écoles débutants.
Ainsi, les jeunes enseignants se montrent partagés concernant leur manière d’enseigner : 57 % cherchent à utiliser des méthodes innovantes, tandis que 40 % font plutôt confiance à des méthodes ayant déjà fait leurs preuves.
La part des jeunes enseignants souhaitant utiliser des méthodes innovantes ne cesse d’augmenter face aux méthodes plus traditionnelles, révélant les souhaits d’une génération mûre pour évoluer et en attente d’une formation «nouvelle génération» leur donnant davantage d’armes pédagogiques et managériales.
Comment les jeunes professeurs des écoles voient-ils l’école d’aujourd’hui et de demain ?
Découvrez les pistes et outils d’Agnès Baumier-Klarsfeld pour réveiller le désir d’apprendre des élèves.
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