Jean-Pierre Obin[[Jean-Pierre Obin a mené plusieurs missions d’expertise à l’étranger ou pour l’OCDE et est l’auteur de nombreux articles et rapports officiels.]] et six personnels de direction, tous formateurs en académie et à l’École supérieure de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESENESR), présentent 24 études de cas réels de prise de décision dans des situations complexes, toutes vécues par des enseignants, CPE, chefs d’établissement et autres personnels intervenant en école, en collège et en lycée.
La prise de décision en situation complexe
Sous la direction de Jean-Pierre Obin
Hachette Éducation 360 pages – 19,90 €
ISBN : 978-2-01-400528-8
De nos jours, pas facile de trancher…
Décider, c’est trancher. La métaphore est violente mais juste, car le risque est toujours là, en décidant, de faire mal ou de mal faire : décider est humainement délicat. Cela n’est sans doute pas nouveau. Ce qui l’est peut-être est que décider est devenu de surcroît socialement difficile.
Décider, prendre une décision, ce n’est pas agir mais se préparer à le faire, c’est utiliser la raison pour agir au mieux ; et agir n’est pas réagir ou encore «passer à l’acte» sous l’emprise de la colère ou de la passion.
La décision précède l’action raisonnée sinon raisonnable, elle formalise les raisons pour lesquelles, ou les principes au nom desquels on va agir, elle envisage les modalités de l’action et prend en compte ses possibles effets.
Décider n’est pas sans relation avec deux notions voisines, mais distinctes : le pouvoir et l’autorité. Il serait vain, en effet, de décider sans disposer du pouvoir de le faire : le pouvoir, c’est de l’action sur l’action, dit Michel Foucault, c’est la faculté de conduire les conduites des autres, de les entraîner dans une action commune.
L’autorité, c’est la capacité de faire agir les autres sans recourir à la force ni à la persuasion. Être ou représenter l’autorité, avoir de l’autorité ou faire autorité (c’est selon, mais on demande les trois aux enseignants !) facilite l’exercice du pouvoir et donc la capacité de décider et de diriger l’action des autres.
Décider comporte une bonne dose de subjectivité : à chacun son caractère, ses peurs, ses représentations du pouvoir, sa manière de faire. Mais c’est avant tout un processus objectif : inspirée par des croyances, des visions de l’avenir, des convictions, des valeurs, et contrainte par des règles de droit, la prise de décision est d’abord une démarche culturelle. On ne décide pas ici comme on le fait ailleurs, ni aujourd’hui comme on le faisait hier.
L’ouvrage distingue trois éléments de complexité de la prise de décision :
– Le premier, subjectif, est étroitement lié à la personne du décideur.
– Le second, plus objectif, est relié à notre temps, à notre cadre anthropologique, celui de l’individualisme démocratique.
– Un troisième, également objectif, tient à notre espace politique et institutionnel : l’Éducation nationale.
Alors, comment et pour quoi décider ?
Ce que montre cet ouvrage, au travers des vingt-quatre situations présentées, toutes vécues, c’est que les tensions qui structurent inévitablement la vie des écoles et des établissements doivent être traitées au plus près de leur réalité complexe.
Et que les «bonnes» décisions, autrement dit celles qui apparaissent à l’issue d’une analyse rigoureuse comme les meilleures souhaitables – ou parfois les moins mauvaises possibles – doivent être délibérées et prises au cas par cas, après avoir analysé méthodiquement chaque aspect juridique, moral et éthique de la situation.
Mais qu’en même temps ces décisions doivent s’inscrire dans un cadre plus large de l’action, dans des valeurs qui les éclairent, dans un idéal pour lequel chacun d’entre nous a choisi ces responsabilités de direction, et au nom duquel il conduit son action.
L’importance croissante du droit dans la vie scolaire
Ce contexte conduit désormais à accorder une attention plus importante à l’environnement juridique des situations décrites. La méthode de l’analyse de situations professionnelles (ASP) a été conçue pour aider des professionnels à décider de manière rationnelle et réfléchie : comprendre avant d’agir.
Elle a été utilisée depuis vingt ans pour former des enseignants, des conseillers principaux d’éducation, des assistants d’éducation et des personnels de direction, mais aussi des travailleurs sociaux et des cadres de la santé, en France et à l’étranger. Elle est maintenant largement diffusée dans l’Éducation nationale.
Le lecteur novice lira d’abord en annexe la description de la méthode d’analyse pour s’en imprégner ; celui qui l’a déjà pratiquée pourra aborder d’emblée les études de cas, en choisissant les thèmes qui l’intéressent davantage.
Chaque étude est conçue comme un tout, de façon à pouvoir être abordée indépendamment des autres, d’où certaines redondances, volontaires, lorsque la même règle juridique intervient dans plusieurs situations étudiées.
Les vingt-quatre situations sélectionnées ont été choisies en fonction de leur capacité à illustrer l’un des grands domaines de prise de décision :
– diriger des femmes et des hommes,
– piloter l’enseignement,
– pacifier la vie scolaire,
– dialoguer avec les familles,
– travailler dans l’institution,
– gérer l’actualité.
Ce livre est conçu pour être à la fois un manuel d’autoformation, une ressource pour les formateurs et un outil de préparation aux concours. Un index juridique détaillé en fait également un outil d’apprentissage très vivant du droit scolaire.
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