Pour dépasser petits et grands obstacles, un certain nombre de repeĢ€res gagnent aĢ€ ĆŖtre connus, d’ouĢ€ l’idée de cet ABCDaire de la survie en milieu scolaire construit aĢ€ partir des interrogations de colleĢ€gues sur des questions multiples auxquelles ils sont exposés. Morceaux choisis de A aĢ€ Z.

ABCDaire de la survie en milieu scolaire, RepĆØres indispensables pour les enseignants, les personnels de direction et les CPE d’HĆ©lĆØne Romano et JoĆ«l Gonzalez –Hachette Ɖducation – juillet 2015

HéleĢ€ne Romano est docteur en psychopathologie, expert référent aupreĢ€s du ministeĢ€re de l’Éducation nationale sur les questions relatives aĢ€ la prévention du burn-out, au harceĢ€lement scolaire, aux gestions de crises et aĢ€ la prise en charge des enfants aĢ€ besoins spécifiques. Elle intervient en formation initiale comme en formation continue dans différentes académies.

Joël Gonzalez est professeur certifié de français en colleĢ€ge depuis preĢ€s de vingt ans en banlieue parisienne. Il intervient également depuis plusieurs années aupreĢ€s d’éleĢ€ves allophones et a travaillé pour la Mission générale d’insertion aupreĢ€s d’éleĢ€ves ayant des besoins spécifiques.

ADOLESCENCE

  • Définitions

Contrairement aĢ€ ce que certains auraient tendance aĢ€ penser, l’adolescence n’est pas une maladie, mais la période ouĢ€ l’enfant est Ā« en train de grandir Ā» (adulescens). Les définitions de l’adolescence sont multiples :

Pour les sociologues, ce terme moderne qui apparaĆ®t au XIXe sieĢ€cle avec la généralisation de la scolarisation correspond aĢ€ la période de transition entre l’enfance et l’aĢ‚ge adulte qui, dans notre société, s’étend d’autant plus que les rites de passage sont supprimés (service militaire, rites religieux, etc.) et que l’autonomie affective, matérielle et financieĢ€re tarde, donnant lieu aĢ€ la catégorie des Ā« adulescents Ā» ou comportement de Ā« Peter Pan Ā» (adultes ayant oublié que le temps de l’acné était révolu depuis longtemps).

Pour les anthropologues, c’est une caractéristique des sociétés industrielles ouĢ€ les rites disparaissent de plus en plus ; dans les sociétés traditionnelles, le passage du statut d’enfant aĢ€ celui d’adulte se faisant de quelques heures aĢ€ quelques jours aĢ€ travers des rites initiatiques. Cette longue phase de mutation dans les sociétés occidentales se manifeste par une culture propre, marquée de codes langagiers, comportementaux, alimentaires et vestimentaires particulieĢ€rement riches.

Pour les pédiatres, c’est un temps de maturation physiologique liée aux bouleversements hormonaux qui conduisent aĢ€ l’apparition des caracteĢ€res sexuels primaires et secondaires. Les angoisses face aĢ€ ce corps qui se transforme peuvent eĢ‚tre multiples, avec des inquiétudes pouvant se fixer sur certaines parties (le nez, les dents, les seins, les fesses, le sexe, etc.) et conduire aĢ€ une dysmorphophobie
corporelle (conviction obsédante concernant un défaut de son apparence, en l’absence de réelles imperfections). Elle s’accompagne de dérégulations du rythme veille/sommeil, de celles de la cadence alimentaire, de l’humeur et du comportement avec alternance de phases d’excitation et de périodes léthargiques.

Pour les orthodontistes, c’est la phase dentaire idéale pour transformer le sourire angélique de nos enfants en maĢ‚choire d’argent avec des anneaux métalliques servant d’autant plus d’ancrages aux débris alimentaires qu’ils sont posés aĢ€ une période ouĢ€ la brosse aĢ€ dents est devenue un ODNI – objet dentaire non identifié – pour les adolescents. Ce sourire d’acier enrichissant proportionnellement leur activité aĢ€ la baisse du compte bancaire qu’il impose aux parents.

Pour les pédopsychiatres, c’est un processus de maturation psychique caractérisé par la séparation-autonomisation-individuation et la réactivation de conflits psychiques antérieurs tels que le conflit oedipien. L’adolescent oscille entre désir de singularité et volonté de normalité, besoin de réassurance et queĢ‚te d’indépendance, réactions d’opposition et recherche affective, transgressions et prises de risque en tout genre et recherche de cadre.

Pour les parents, c’est une période de la vie ouĢ€ le mode d’emploi qui fonctionnait au préalable s’aveĢ€re brutalement inefficace – et de plus en plus toĢ‚t avec une période qualifiée de préadolescence –, l’adolescent étant capable d’alterner des phases plus ou moins longues ouĢ€ il tend aĢ€ se comporter comme un adulte, aĢ€ des phases régressives ouĢ€ il se comporte comme un tout-petit. La salle de bains devient un lieu inabordable pour l’adolescent (capable de rester des jours sans approcher une douche ou une brosse aĢ€ dents) mais peut subitement devenir inaccessible au(x) parent(s) quand l’adolescent(e) tombe amoureux(se) et se met aĢ€ y passer des heures.

Pour les commerçants, c’est la période de consommation rĆŖvée ouĢ€ leurs clients teenagers (et surtout leurs clientes) reĢ€glent encore graĢ‚ce au financement parental et dépensent souvent sans compter (au grand dam de leurs parents).

Pour les enseignants, l’adolescence correspond aĢ€ des classes d’âge ouĢ€ tout est possible, particulieĢ€rement au colleĢ€ge : certains introvertis privilégient la pensée, le reĢ‚ve et l’inaction (voire la prostration), quand d’autres excellent dans l’hyperactivité, l’agitation, les actes compulsifs et la perte de controĢ‚le. Entre les deux, tous les comportements (y compris alternatifs) sont possibles, l’enseignant devant s’adapter en meĢ‚me temps aĢ€ trente éleĢ€ves, certaines fois, des plus imprévisibles.

Pour les adolescents, c’est la période ouĢ€ tout ce qui vient des parents et de ceux faisant autorité (dont les enseignants) n’a, subitement, plus aucune valeur. La révolution pour eux, c’est maintenant, et la principale source d’identification passe du parent au groupe de pairs… sans que cela soit toujours treĢ€s clair : seuls, ils s’ennuient et/ou ils ont peur, ils rĆŖvent d’eĢ‚tre aĢ€ deux, mais se retrouvent plus souvent aĢ€ plusieurs, quitte aĢ€ ne plus savoir qui ils sont. En cette période des premiers amours, le colleĢ€ge devient un lieu de séduction : malentendu fondamental avec leurs parents et leurs enseignants, pour qui cet espace est avant tout un lieu d’enseignement et de savoir.

  • Conseils

Ne considérez pas l’adolescent comme une Ā« espeĢ€ce dangereuse Ā» et ne lui laissez pas penser qu’il peut vous mettre aĢ€ mal et vous atteindre : plus il sentira qu’il a le pouvoir de déstabiliser l’adulte, plus cela l’insécurisera et plus il vous mettra en difficulté… Le rejet qu’il a de l’adulte est aĢ€ la hauteur de la queĢ‚te de son soutien. Essayez de rester calme, de tenir le cadre et la reĢ€gle posés sans les transgresser.

Ne le disqualifiez pas et tentez de trouver des moyens de positiver son attitude, par exemple, au lieu d’utiliser des phrases qui le condamnent (Ā« tu es… Ā»), privilégiez des formulations moins stigmatisantes (Ā« quand tu fais ça, tu es… Ā» ou Ā« tu fais ça, mais je pense que tu peux aussi faire autrement Ā»).

Restez aĢ€ votre place d’adulte et ne tentez pas de séduction langagieĢ€re visant aĢ€ utiliser de façon excessive leur vocabulaire et leurs codes, cela n’aura que l’effet contraire. Mais montrez-leur que vous comprenez leur langage.

N’hésitez pas aĢ€ faire le lien avec le médecin ou l’infirmieĢ€re scolaire si un de vos éleĢ€ves vous semble manifester un profond mal-ĆŖtre.

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AUTORITƉ

  • Définition

Droit ou pouvoir de se faire obéir en raison de sa fonction ou de son statut.

En milieu scolaire, si les enseignants n’ont pas (trop) de difficultés pour l’exercer en primaire, les choses se compliquent au moment du colleĢ€ge, période ouĢ€ la devise Ā« il est interdit d’interdire Ā» est toujours d’actualité.

La remise en cause de l’autorité et l’attaque du cadre (aĢ€ entendre en tant que reĢ€glement interne aĢ€ l’établissement et aĢ€ la classe) sont inévitables
dans le rapport enfant/adulte, en particulier aĢ€ la période d’autonomisation de l’adolescence. Plus l’adolescent est en insécurité, doute de lui et de l’autre, plus il s’en prendra au cadre : contestation de l’autorité, transgression des reĢ€gles, remises en cause des consignes, tentatives de manipulations, etc.

  • Conseils

Veillez, deĢ€s le premier cours de l’année ou de votre prise de poste en cas de remplacement, aĢ€ présenter les reĢ€gles de fonctionnement, avec calme et sans agressivité.

Soyez clair avec vous-meĢ‚me dans vos attentes et dans vos réponses. Les jeunes enseignants sont parfois démunis face aĢ€ une réaction aĢ€ laquelle ils ne s’attendent pas, et qu’ils n’ont, de ce fait, pas pu anticiper. En conséquence, ils n’ont pas la possibilité d’apporter une réponse adaptée. On apprend tous les jours de ses erreurs,
toutes les expériences des premieĢ€res années d’enseignement doivent servir aĢ€ construire la cohérence d’une conduite aĢ€ venir. Avant de prendre vos fonctions, réfléchissez aux éventuelles réactions de vos éleĢ€ves et tentez d’imaginer quelles pourraient eĢ‚tre vos réponses. Demandez-vous si elles sont cohérentes avec vos exigences, et si elles sont graduées.

Tenez votre cadre et ne faites pas le contraire de ce que vous aviez vous-mĆŖme fixé en début d’année.

Asseoir son autorité doit se faire dans le respect des éleĢ€ves. Si l’autorité s’impose par la terreur, elle n’aura aucune valeur. Il ne s’agit pas de Ā« surveiller et punir Ā», mais d’apprendre aĢ€ se faire obéir. Et surtout de permettre aux éleĢ€ves d’intégrer la reĢ€gle parce qu’ils auront compris qu’il est dans l’intéreĢ‚t de tous de la respecter. Ā« L’autorité contraint aĢ€ l’obéissance, mais la raison l’y persuade. Ā», affirmait le cardinal de Richelieu (Maximes d’État, ou testament politique, 1764).

Informez-vous du reĢ€glement d’établissement et assurez-vous qu’il est compris des éleĢ€ves, afin de vous y référer en cas de nécessité. Informez-vous aussi de la culture d’établissement, c’est-aĢ€-dire des us et pratiques propres aĢ€ l’endroit ouĢ€ vous enseignez, qui ne sont inscrits nulle part mais que tout le monde connaiĢ‚t, sauf vous si vous eĢ‚tes nouveau (un escalier interdit aĢ€ certaines heures, des pauses permises ou proscrites aĢ€ l’intercours…). Les éleĢ€ves peuvent vite mettre aĢ€ mal votre autorité en vous sollicitant des avantages qu’ils savent interdits ou en se révoltant car vous ĆŖtes le seul aĢ€ interdire ce que tous les autres autorisent.

Fixez un cadre au sein de la classe, sans que les reĢ€gles propres aĢ€ la classe n’aillent aĢ€ l’encontre de celles de l’établissement et soyez convaincu de l’utilité de ce cadre…

Soyez cohérent dans les décisions prises, afin qu’elles apparaissent justes.

Comprenez ce qui se passe au niveau de la dynamique d’une classe pour organiser la vie du groupe classe en limitant les tensions et les conflits.

Prévoyez des temps de régulation au sein de la classe ouĢ€ pourront eĢ‚tre discutées dans le respect de chacun les décisions prises.

Acceptez que, meĢ‚me en tant qu’enseignant, l’on puisse se tromper et sachez réajuster votre positionnement ; votre autorité n’en sera que renforcée si vous vous montrez honnĆŖte face aux éleĢ€ves.

CONFIANCE EN SOI

  • Définition

Avoir confiance en soi, c’est croire en ses valeurs et en ses capacités. Tous les individus ne sont pas égaux aĢ€ ce niveau car la confiance en soi s’acquiert treĢ€s précocement dans le regard et l’attention portés par les parents (ou leurs substituts) sur le tout petit bébé.

En grandissant, l’enfant acquiert grĆ¢ce aĢ€ ce soutien affectif indispensable Ā« une base de sécurité interne Ā», c’est-aĢ€-dire un sentiment de sécurité intérieure et une confiance vis-aĢ€-vis de lui-meĢ‚me, de l’autre et du monde extérieur. Elle permet de savoir affirmer ses besoins, de valoriser ses compétences, et de faire de ses failles des éléments positifs.

Face aux difficultés, elle évite d’eĢ‚tre anéanti, et de se remettre immédiatement en cause, car cette personne sait qu’elle a de la valeur et des compétences. En grandissant, l’enfant puis l’adolescent expérimentent d’autres sources potentielles de Ā« tuteurs de développement Ā» qui peuvent renforcer cette confiance en eux : des camarades, des enseignants, un ou des amoureux, des amis, etc.

L’absence de ce soutien primaire peut s’expliquer en raison de multiples contextes familiaux : parents surexigeants et dévalorisants, parents indifférents, parents maltraitants, parents indisponibles du fait d’une maladie ou endeuillés, parents dans l’incapacité de s’ajuster aux besoins de leur enfant, etc. Au sein d’une mĆŖme fratrie, le vécu peut eĢ‚tre treĢ€s différent, la place de chaque enfant dans l’histoire parentale étant spécifique.

Le manque de confiance en soi peut créer une vulnérabilité aĢ€ l’origine d’une timidité excessive, d’un manque d’assurance et le sentiment permanent d’eĢ‚tre coupable et responsable de ce qui arrive :

Au niveau des éleĢ€ves, cela peut conduire aĢ€ des attitudes de retrait, un manque d’investissement scolaire par sidération psychique, un comportement passif en faisant
un objet idéal de harceĢ€lement ou des actes transgresseurs par investissement d’attitudes visant aĢ€ attirer l’attention et aĢ€ interpeller en permanence l’adulte pour se rassurer de sa présence. Ces éleĢ€ves peuvent subitement s’effondrer en larmes ou exploser de violence.

Au niveau des professionnels, l’incidence du niveau de confiance en soi est importante sur les éleĢ€ves. Un enseignant fragilisé peut rapidement s’effondrer et ne plus se sentir capable d’affronter sa classe. Il aura tendance aĢ€ s’attribuer toutes les responsabilités des situations difficiles, qui certaines fois sont davantage liées au contexte de l’établissement. Une faible confiance en soi conduit en milieu professionnel aĢ€ un épuisement rapide si des ressources ne sont pas trouvées.

  • Conseils

Comprenez les sens multiples de la confiance en soi et sachez que l’établissement peut eĢ‚tre un lieu de restauration de celle-ci, comme de souffrance extrĆŖme, aussi bien pour les éleĢ€ves que pour les adultes.

Développez dans votre vie personnelle des espaces ouĢ€ vous pourrez ĆŖtre valorisé.

Autorisez-vous, avant la rentrée, aĢ€ analyser vos ressources et vos failles et les stratégies utilisées pour surmonter les difficultés.

En cas d’atteinte de la confiance en vous, apprenez aĢ€ analyser le contexte, les causes (elles sont toujours multiples) et essayez de les mettre en sens ; par exemple, suite aĢ€ un chahut en cours vous ayant déstabilisé, décryptez au plus toĢ‚t :

1. Le contexte : quelle classe, quelle heure, quel moment de la semaine et du trimestre, élément déclenchant au sein de la classe ou aĢ€ l’extérieur, votre niveau de fatigue et de disponibilité, etc.

2. Ce que vous avez ressenti physiquement : troubles physiques tels que rougeur, bégaiements, etc.

3. Ce que vous avez ressenti émotionnellement : peur, honte, gêne, humiliation, etc.

4. Ce que ces ressentis disent de vous négativement : débordé, pas capable de gérer la classe, etc.

5. Ce que ces ressentis disent négativement de vos éleĢ€ves : insolents, intenables, etc.

6. Ce que ces ressentis pourraient dire de vous positivement : vous n’êtes pas une machine et vous avez des émotions, etc.

7. Ce que ces ressentis pourraient dire positivement de vos éleĢ€ves : qu’ils sont pleins de vie, qu’ils ne manquent pas de répartie, etc.

8. Ce que vous auriez voulu que vos ressentis disent de vous : que vous êtes capable, compétent, etc.

9. Ce que vous auriez voulu que vos ressentis disent de vos éleĢ€ves : qu’ils comprennent l’importance du respect, qu’ils apprennent aĢ€ controĢ‚ler leurs réactions, etc.

10. Quels moyens de parvenir aĢ€ ces ressentis positifs pour vous et vos éleĢ€ves, etc.

Cette analyse peut eĢ‚tre faite seul ou via un relais professionnel par des groupes d’analyse de pratiques (exceptionnels, mais il en existe dans le plan annuel de formation de certaines académies). Les psychologues sont aussi des personnes ressources précieuses. Mais elle peut aussi eĢ‚tre réalisée individuellement. Si au début l’exercice peut apparaiĢ‚tre laborieux, l’expérience montre qu’il permet de prévenir le burn-out et de dégager des ressources positives que le professionnel, submergé par l’émotion de la difficulté, ne voyait plus.

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ENCOURAGEMENTS

  • Définition

L’action de soutenir quelqu’un peut prendre différentes formes : des conseils, des mots valorisants, un sourire, une tonalité bienveillante, un regard approbateur ; et sur les terrains de sport, des cris et des agitations multiples.

Les encouragements participent aĢ€ donner confiance aĢ€ l’autre, aĢ€ valoriser son estime de lui-meĢ‚me : encouragé, le sujet sait qu’il n’est pas seul et qu’il peut compter sur l’attention de l’autre. Ā« C’est bien Ā», Ā« tu peux eĢ‚tre fier de toi Ā», etc.

Si l’encouragement devient une exigence, et que la pression psychologique est importante, il est proche de la menace.

  • Conseils

Sachez qu’encourager est une attitude essentielle pour établir un lien de confiance entre vous et les éleĢ€ves, comme entre vous et vos pairs. Cela soutient la motivation et renforce l’estime de soi. Vos encouragements sont importants au niveau des apprentissages et du comportement, surtout pour les éleĢ€ves en difficulté.

Pensez au sein de votre classe aĢ€ eĢ‚tre équitable pendant les cours et aĢ€ valoriser plus individuellement certains éleĢ€ves, y compris les treĢ€s bons éleĢ€ves qui ont tendance aĢ€ ĆŖtre oubliés dans ces cas-laĢ€ ; par exemple, en individuel, vous pouvez dire aĢ€ un éleĢ€ve en difficulté : Ā« j’ai l’impression que c’est en ce moment difficile pour toi, mais je vois que tu écoutes, que tu essayes meĢ‚me si tu te trompes, et c’est important de ne pas abandonner, je voulais t’en féliciter Ā», ou aĢ€ un treĢ€s bon éleĢ€ve qui aĢ€ force de faire le sémaphore en tendant les bras pour participer va finir par attraper une crampe : Ā« j’ai vu que tu participais toujours autant et je voulais te féliciter, c’est treĢ€s bien, je ne peux pas toujours te donner la parole, mais je suis vraiment attentif au fait que tu sois ainsi motivé Ā».

STRESS DES ENSEIGNANTS

  • Définition

Le stress est la réaction physiologique de l’organisme face aĢ€ une situation nécessitant une mobilisation de l’énergie.

Si le stress permet de mobiliser l’énergie et de potentialiser son efficacité (Ā« le bon stress Ā»), un stress prolongé et curatif (Ā« mauvais stress Ā») peut avoir des conséquences importantes sur la santé (fatigue, irritabilité, labilité émotionnelle, déreĢ€glement hormonal, manque de concentration, difficultés d’apprentissage, dépression, burn-out, conduites addictives etc.) Aux conséquences individuelles s’ajoutent les dommages collatéraux inévitables pour les éleĢ€ves et pour les proches (famille, colleĢ€gues).

Le milieu scolaire est particulieĢ€rement éprouvant. Les facteurs les plus souvent énoncés sont :

la surcharge de travail, le cumul des contraintes, la multiplicité des opérations (répondre, écouter, se déplacer, écrire, eĢ‚tre attentif aux personnes) ;

la charge émotionnelle et physique importante dans un métier de relations intenses ;

les mauvaises conditions de travail avec un contexte de plus en plus difficile, quels que soient les établissements (insécurité, incivilité, agressivité, etc.) ;

le conflit de rĆ“le entre les demandes du groupe classe et les besoins spécifiques de certains éleĢ€ves : comment gérer le Ā« pour tous Ā» et le Ā« pour chacun Ā» ;

les demandes contradictoires aĢ€ certains moments de l’institution : l’enseignant ne sait pas toujours ce qu’on attend de lui, quels objectifs il doit atteindre et quelle est exactement l’étendue de ses responsabilités ;

une politique qui se caractérise par le pilotage par les résultats qui ne prend pas suffisamment en compte les caractéristiques de chacune des classes ;

l’individualisme de certains enseignants ;

les difficultés des relations avec la hiérarchie ;

l’absence de reconnaissance professionnelle ;

le systeĢ€me bureaucratique de l’institution avec l’accumulation de tĆ¢ches non coordonnées, se surajoutant au travail d’apprentissage, coeur du métier ;

des évaluations aĢ€ la fois absentes et omniprésentes.

  • Conseils

Apprenez aĢ€ gérer votre stress… Cela prend du temps… Quelques pistes envisageables pour donner ou retrouver un sens positif aĢ€ votre métier :

connaître vos limites et savoir repérer les manifestations psycho-physiologiques du stress pour protéger votre santé ;

connaĆ®tre vos faiblesses qui pourraient vous geĢ‚ner dans votre métier ;

apprendre aĢ€ développer des stratégies de Ā«faire face Ā» efficaces et protectrices ;

rechercher du soutien et des formations sur cette question (l’organisation d’ateliers d’analyse de pratiques est, aĢ€ ce titre, particulieĢ€rement intéressante) ;

s’intégrer aĢ€ des groupes de travail ou des groupes de réflexion sur les pratiques enseignantes, notamment avec les mouvements pédagogiques.

ZEN

  • Définition

Fait de rester calme face aĢ€ des circonstances difficiles : qualité indispensable pour tout enseignant !

  • Conseils

Apprenez aĢ€ relativiser, ce qui ne signifie pas Ā« banaliser Ā», mais ne pas eĢ‚tre submergé par les choses difficiles que vous vivez en classe. Vous ne pourrez pas changer l’institution scolaire, meĢ‚me avec toute l’énergie possible et la meilleure volonté du monde. Mais vous pourrez, aĢ€ votre niveau, eĢ‚tre pour vos éleĢ€ves un relais essentiel dans leur construction d’adulte.

Discutez avec vos colleĢ€gues qui ont plus d’expérience, confrontez les points, ne vous laissez pas submerger par vos émotions ; bref, un peu de recul ne fait jamais de mal et souvenez-vous que Ā« la coleĢ€re est mauvaise conseilleĢ€re Ā», comme dit le proverbe.

Enfin ne réduisez pas votre vie aĢ€ votre statut de professeur : vivez en dehors de votre établissement ! Avoir des amis du meĢ‚me milieu est important pour partager des expériences communes, mais n’avoir que des amis du meĢ‚me milieu ne permet pas (toujours) de se dégager de ces expériences.

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