Aujourd’hui, un enseignant sur quatre a moins de 35 ans, et l’Éducation nationale devrait voir partir en retraite plus du quart de ses effectifs d’ici à 2020. La tendance au rajeunissement est donc bien en marche, et elle est inscrite dans la pyramide des âges encore pour quelques années ! Portrait d’une nouvelle génération, révélée par l’Observatoire MGEN-Sociovision*.

De plus en plus… d’enseignantes

C’est sans doute le chiffre le plus frappant de l’enquête de la MGEN-Sociovision : 82% des enseignants de moins de 35 ans sont des femmes. Ces enseignantes portent un regard sur leur métier très proche de celui des hommes, mais avec une nuance dans leur engagement citoyen : elles cherchent moins à changer la société qu’à la rendre meilleure.

Contrairement à leurs aînés, qui majoritairement sont issus de familles d’enseignants et font leur vie avec d’autres enseignants ou des agents de la Fonction publique, aujourd’hui 58 % des jeunes enseignants ont des conjoints qui travaillent dans le secteur privé. Ainsi les ménages de jeunes enseignants sont désormais exposés
aux difficultés de l’économie française, comme tous les Français.

Désormais les enseignants ont un vrai désir de partager une éducation nouvelle en matière de développement durable, ils sont près de 74% à se sentir impliqués dans ce combat. « La féminisation des enseignants a probablement facilité cette évolution, mais pas seulement. Dans un monde dominé par la dictature du court terme, les enseignants représentent une culture du long terme, celle de la “prévoyance” de notre société » constate Michel Ladet, vice-président de Sociovision.

C’est bon pour le moral

D’après l’institut Sociovision, spécialisé dans le monde du travail, alors que 32% des Français déclarent que leurs vies « manquent de sens », seulement 23% des enseignants seraient concernés par cette réflexion. En 2012-2013, 47% des enseignants déclaraient que travailler était pour eux un moyen de s’épanouir et de
développer leur personnalité et seulement 28% que c’était pour eux un moyen de gagner leur vie et de « subsister ».

L’enseignement reste d’ailleurs l’un des métiers qui rendent le plus heureux en France. En octobre 2013, un sondage de l’institut Viavoice (pour le Nouvel Observateur) avait révélé que les métiers de l’enseignement étaient en troisième position dans le classement des professions qui « rendent le plus heureux » juste derrière les cadres de la Fonction publique et les agriculteurs. L’un des auteurs du sondage, François Miquet-Marty, expliquait cette position : « même si, bien sûr, le niveau de rémunération joue sur la satisfaction, le bonheur au travail repose sur trois éléments clés : la passion pour son métier, le sentiment d’être utile à la société et le sentiment de reconnaissance, notamment par sa hiérarchie ».

Aujourd’hui, 35% des enseignants disent faire ce métier parce qu’ils ont toujours été passionnés par la pédagogie et le fait d’enseigner, et seulement 12% parce qu’ils désiraient un emploi stable.

La moitié des enseignants de moins de 35 ans souhaitent voir leur carrière professionnelle évoluer, et pour 88% de ces jeunes, ils désirent que ce soit toujours au sein de l’Éducation nationale.

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Les valeurs fortes des nouveaux enseignants

Ouverture sur le monde, développement durable, innovation, responsabilité, diversité… L’enquête de la MGEN révèle que les enseignants sont plus sensibles à certaines valeurs que la majorité des salariés français. 82% des enseignants déclarent que les Français ont beaucoup à apprendre des autres pays, des autres cultures et modes de vie contre 71% de convaincus à l’échelle nationale. Le développement durable et l’écologie, eux aussi, prennent une part importante dans les
désirs des nouveaux professeurs : 74% d’entre eux trouveraient normal de consommer moins d’eau ou de moins utiliser leur voiture afin de protéger la planète pour les générations futures, ce qui ne touche que 62% de personnes à l’échelle nationale.

L’enquête a également identifié et mesuré chez les enseignants les mots qui leur tiennent le plus à coeur. Toutes générations confondues, c’est le mot « confiance » qui arrive en tête. Les enseignants souhaitent être des « tiers de confiance » dans un monde de défiance.

Les enseignants sont également moins pessimistes que les Français en général, et
sont en attente forte d’« innovation ».

Connecting Teachers

La nouvelle génération d’enseignants est connectée. Plus de la moitié des moins de 35 ans assurent qu’ils ne pourraient plus se passer d’un accès à Internet sur leurs téléphones, et parmi les 76% d’entre eux qui sont inscrits à Facebook, 85% se connectent sur leur compte au moins une fois par jour. Ils sont aussi beaucoup plus adeptes du numérique et souvent plus à l’aise dans le domaine que la moyenne des Français. Mais cette connexion numérique s’est peut-être développée au détriment des activités associatives et des réunions formelles, auxquelles seulement 32% des moins de 40 ans disent participer fréquemment, contre 47% pour leurs aînés.

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Et, surtout, la santé !

Les questions de santé des enseignants, les risques de burn-out et les besoins de soutien psychologique n’épargnent pas les nouvelles générations d’enseignants. 45% des jeunes de moins de 35 ans affirment que leur métier a un fort impact sur leur santé « en raison de la fatigue physique engendrée » et 61% des enseignants français avouent que leur métier les atteint sur le plan psychologique « en raison du niveau d’exigence et de pression lié à l’activité ». D’où la nécessité de bien anticiper et d’être
réceptif aux actions de prévention…

Anticiper, préparer l’avenir

Les enseignants se sentent plus concernés que l’ensemble des salariés français par la prévoyance. 65% d’entre eux assurent s’y intéresser contre 57% à l’échelle nationale. Les enseignants se montrent aussi plus prudents que la plupart des fonctionnaires ou que le reste des salariés français. À une question sur la prise de risques, seuls 37% des enseignants se disent prêts à « essayer des choses qu’ils n’ont jamais faites, même si ça risque de ne pas marcher » contre 49% à l’échelle nationale, une statistique qui était inversée il y a une quinzaine d’années.

Littéraires
ou scientifiques ?

Pierre Périer, sociologue et maître de conférence en sciences de l’éducation est l’auteur de « Professeurs débutants » (PUF). Pour le sociologue, il existe deux familles d’enseignants, les littéraires (lettres et langues) et les scientifiques. « Dans la crise du recrutement, on voit bien que c’est très tendu du coté scientifique. En lettres, histoire et langues ça reste un débouché majeur et qui assure le lien avec la discipline. D’autres cherchent la dimension éducative du contact avec les jeunes. Dans les disciplines scientifiques, la discipline est moins privilégiée. C’est le métier qui intéresse ».
(in « Le Café pédagogique » – Juin 2014)

* Enquête réalisée par l’Observatoire de la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale (MGEN) et Sociovision, rendue publique en octobre 2014. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1.409 enseignants en activité. Les réponses des enseignants ont été mises en perspective avec celles des agents de la Fonction
publique et de l’ensemble des Français, grâce à la base de données de l’Observatoire de Sociovision qui a un historique de 40 ans sur la société française.


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